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REVUE LITTÉRAIRE

ALEXANDRE DUMAS.

Anecdotes, souvenirs, études ou mémoires, comme on voudra les appeler, il en pleut depuis quelques années sur l’auteur de la Tour de Nesle et des Trois Mousquetaires ; — c’est Alexandre Dumas que je veux dire et non pas Auguste Maquet ou Frédéric Gaillardet, car on pourrait s’y tromper; — et à mesure qu’on le lit moins ou qu’on le joue plus rarement, vous diriez qu’on en parle, qu’on en discourt, qu’on en écrit davantage. La critique elle-même, maintenant qu’il est mort, honore son œuvre d’une attention qu’elle ne lui marchandait pas seulement, mais qu’elle lui refusait de son vivant; nous l’entendons nommer au-dessus de ses anciens rivaux de popularité : Frédéric Soulié, Eugène Sue, Balzac, George Sand, à côté de Lamartine et de Victor Hugo ; c’est « l’influence prédominante, » c’est « l’élément sympathique » du mouvement romantique de 1830; et, peu s’en faudrait, si nous laissions dire, que l’on n’en fît bientôt, comme de tant d’autres, il est vrai, « l’homme du siècle. » L’auteur de la Tour de Nesle et des Trois Mousquetaires a déjà deux statues; l’auteur des Méditations n’en a qu’une, et celui des Nuits n’en a pas.

J’en sais bien l’une au moins des raisons : d’autres sont les fils de leur père, et Alexandre Dumas est le père de son fils. Qui prononce aujourd’hui les noms de Frédéric Soulié, par exemple, ou d’Eugène Sue? Cependant la Closerie des Genêts est-elle bien au-dessous de Paul Jones