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de la Légion de la Vistule, fort de 800 hommes ; 100 artilleurs de la vieille garde ; 120 canonniers gardes-côtes ; 100 cavaliers des éclaireurs de la garde[1]. La place était armée de vingt canons (dix pièces de 4, huit pièces de 8 et deux obusiers). Outre les troupes de ligne, Moreau pouvait disposer pour la défense de 200 à 300 gardes nationaux de la ville[2]. Enfin, une brigade de gardes nationaux, d’un effectif de 2,550 hommes ayant déjà vu le feu, devait, sous peu de jours, venir compléter la garnison. Mais, par suite de retards et de confusions dans les ordres, ces troupes, qui étaient à Orléans, ne furent mises en route que le 28 et n’arrivèrent pas à Soissons[3].

Pour le seconder dans le commandement, le général Moreau avait le colonel d’artillerie Strols, le chef de bataillon du génie de Saint-Hillier, l’adjudant-commandant Bouchard, qui remplissait les fonctions de commandant de place, enfin le colonel Kozynski, de la Légion de la Vistule. Une commission municipale, siégeant en permanence, remplaçait le maire qui avait fui, le premier adjoint, qui avait fui et le deuxième adjoint, qui avait fui[4]. Presque toute la population aisée avait d’ailleurs quitté la ville. Moreau et Saint-Hillier se hâtèrent de compléter la mise en état de défense. On jeta bas les maisons qui dominaient le terre-plein du côté de la porte de Laon, et les matériaux servirent à garnir le rempart d’un parapet; on ferma les brèches, on excava le pied de l’escarpe, on immergea une partie des fossés, on plaça des chevaux de frise et des palanques en avant de la contrescarpe du faubourg Saint-Vaast; une forte palissade fut élevée sur le pont de l’Aisne. Il semble cependant que, soit manque de temps ou de bras, soit faute d’initiative, soit négligence, Moreau ne se conforma pas autant qu’il l’eût pu aux instructions si précises contenues dans la lettre de Clarke. Ainsi un certain nombre de maisons du faubourg qui pouvaient servir d’abris aux tirailleurs ennemis, ne furent pas démolies. Le ministre avait expressément recommandé de placer une fougasse sous le pont de l’Aisne. Moreau se contenta d’écrire lettre sur lettre pour demander 400 livres de poudre afin de faire fabriquer cette fougasse, et comme la poudre n’arrivait pas, il ne s’avisa

  1. Lettre de Mortier à Clarke, 24 mars; Lettre de Clarke à Napoléon, 4 février; Rapport de Moreau sur la capitulation de Soissons, 4 mars. (Archives de la guerre.)
  2. Manuscrit de Piquet. (Archives de Soissons.) La garde urbaine se conduisit bien, au point que les soldats dirent aux gardes : « Nous devons être mutuellement contens les uns des autres. »
  3. Archives de la guerre : 23, 24, 26, 27, 28 février, 2 mars, pièces relatives à l’envoi de la brigade Chabert à Soissons, laquelle finit par rester à Paris, le 2 mars, à la disposition de l’empereur.
  4. Manuscrit de Brayer. (Archives de Soissons.)