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était le complément naturel de cette sorte de catalogue ; dans ses Recherches sur la peinture murale campanienne, M. Helbig remontait aux origines mêmes de cet art que nous connaissons presque uniquement par le décor des murailles pompéiennes, et il faisait l’histoire de la peinture grecque depuis le temps des successeurs d’Alexandre jusqu’au Ier siècle de l’empire romain.

Dès qu’il eut achevé de traiter ce sujet, ce fut le mystère de la langue et de l’art étrusque qui l’attira ; de longs séjours à Corneto, à Chiusi, à Vulci, à Orvieto lui ont fait connaître dans leurs moindres détails toutes les sépultures de l’Etrurie, et il se préparait à nous donner une histoire de cette étrange civilisation qui aurait été le dernier mot de la science contemporaine ; mais les Étrusques n’ont pas été les premiers habitans de l’Italie du nord qui y aient laissé des traces de leur passage et de leur séjour prolongé ; ils s’y sont superposés à une population plus ancienne, celle même dont une branche, sous le nom de Latins et de Romains, a fini par jouer un si grand rôle sur la scène du monde. Quelles aptitudes à la vie policée possédaient ces tribus ? comment se sont-elles établies sur le sol et distribuées dans la péninsule ? Dès que M. Helbig s’est posé cette question, il a voulu la résoudre ; il s’est mis à étudier les terramares de l’Emilie et il y a fait une découverte qui a son prix : pour qui sait l’histoire, les antiquités dites préhistoriques de l’Italie ne méritent pas cette dénomination. Les fouilles qui ont dégagé les débris de nombreux villages bâtis sur pilotis dans la vallée du Pô ont permis de se représenter la vie et les mœurs des peuplades qui, bien avant que se fût répandu l’usage de l’écriture, avaient occupé cette fertile contrée ; or, entre les habitudes que nous sommes autorisés à leur prêter et le plus ancien état social du Latium, il y a des ressemblances trop curieuses pour qu’on puisse les expliquer par une simple rencontre. M. Helbig les a relevées ; il a fait connaître ainsi toute la première période du développement des tribus italiotes. L’intérêt, l’originalité du livre où sont exposés les résultats de ces recherches et de cette comparaison, c’est le contraste piquant que ménage à l’esprit le plan que l’auteur a suivi[1]. Celui-ci commence par promener son lecteur à travers les épaisses forêts qui couvraient alors toute la Haute-Italie ; il l’introduit dans ces rares clairières où se dressaient les huttes entourées de noirs troupeaux de porcs, que leurs maîtres poussaient dans les bois de hêtres et de chênes, tout en s’essayant, sur quelques parcelles de terre incomplètement défrichées, aux premiers travaux de

  1. Die Italiker in der Poeben, Beiträge zur altitaluschen Kultur und Kunstge schiehte, 1 vol. in-8o, avec und carte et deux planches. I.eipzig, 1879. — Nous avons donné une analyse très étendue de cet ouvrage dans trois articles du Journal des Savans, juillet, août et septembre 1880.