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cette moyenne est assez trompeuse, et elle ne s’élève aussi haut que par le fait des dépenses vraiment exceptionnelles que s’imposent pour leurs ouvriers trois établissemens bien connus : Le Creuzot, qui dépense pour ses ouvriers 76 francs par tête, Decize 69 francs, et Anzin 49. Les autres établissemens ne parviennent pas à consacrer à ces mêmes dépenses plus de 17 francs par tête (sauf un seul qui peut aller jusqu’à 26 francs), ce qui prouve que, pour soutenir le fardeau d’un grand nombre d’existences et d’un grand nombre de besoins, la libéralité ne suffit pas et qu’il y faut encore d’autres ressorts. C’est à peine, en effet, comme nous allons le voir, si la prévoyance et la libéralité réunies parviennent à assurer la vieillesse des ouvriers mineurs.

Les chiffres que je viens de donner comprennent à la fois les dépenses occasionnées par les frais de maladie ou d’accidens et les pensions de retraite. A quel chiffre s’élèvent ces pensions par tête ? Voilà ce qu’il est intéressant de savoir, si l’on veut sortir des moyennes qui ne signifient rien pour l’étude des situations individuelles. Ce chiffre subit des variations sensibles, suivant les établissemens, quel que soit le mode d’alimentation de la caisse, et généralement il s’élève ou s’abaisse avec la prospérité et aussi avec l’importance de l’établissement. C’est ainsi que, dans les petites exploitations, il y a une caisse de secours et pas de caisse de retraites. On trouverait là, si cela était nécessaire, une nouvelle preuve de la solidarité qui existe dans l’industrie entre les exploitans et ceux qui s’intitulent parfois eux-mêmes, mais bien à tort, les exploités. Tout ce qui atteint les uns se répercute sur les autres, et quand les ouvriers visent le patron, c’est eux-mêmes qu’ils atteignent. Ce serait trop nous attarder que de donner des chiffres exploitation par exploitation. Bornons-nous à quelques indications générales. Le chiffre de pension maximum que nous trouvons est de 592 francs par an, mais c’est là, il faut le dire, un chiffre tout à fait exceptionnel. Ceux de 438 et de 365 francs par an sont plus fréquens. Mais ce sont encore des chiffres maxima. Les chiffres minima sont au contraire de 146 et même de 125 francs par an, ce qui est véritablement bien peu. On peut dire que la moyenne varie de 240 à 300 francs. Ces pensions s’obtiennent généralement à partir de cinquante-cinq ans d’âge et au bout de trente ans de service. Dans certains établissemens on ajoute 25 francs par année de service supplémentaire. Ces chiffres ne concernent que les ouvriers. Pour leurs veuves le maximum de la pension paraît être de 365 francs par an, le minimum de 75 francs. La pension ordinaire est de 180 à 220 francs. Tels sont, en ce qui concerne la vieillesse des ouvriers mineurs, les résultats auxquels parviennent, en combinant leurs efforts, la prévoyance et la