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d’Isabeau ; un frère de celle-ci s’appelait Jean de Vouthon comme son père ; il exerçait le métier de couvreur. En 1416, il quitta son pays natal pour fixer sa résidence à Sermaize ; depuis longues années, Isabeau habitait Domremy avec Jacques d’Arc son mari, et une autre sœur nommée Aveline s’était également éloignée de Vouthon avant 1410 pour aller demeurer à Sauvigny avec Jean le Vauseul, qui l’avait épousée. Ce métier de couvreur exercé par l’oncle maternel de Jeanne d’Arc, celui de charpentier auquel s’adonnait Perrinet de Vouthon, fils de Jean, cousin germain de la Pucelle, donnent lieu de supposer qu’Isabeau Romée appartenait à une famille de condition fort modeste. Néanmoins, cette famille comptait parmi ses membres un personnage ecclésiastique assez important, Henri de Vouthon, curé de Sermaize, dans lequel il faut voir, selon toute apparence, un des frères d’Isabeau Romée et par suite l’un des oncles maternels de Jeanne. Ce fut sans doute à l’instigation du curé, son frère, que Jean de Vouthon, le couvreur, alla s’établir à Sermaize avec ses trois fils Poiresson, Perrinet et Nicolas et sa fille Mengotte, et ce fut également grâce aux leçons et à la protection de Henri de Vouthon que Nicolas, l’un des trois fils du couvreur, put entrer comme religieux à l’abbaye de Cheminon, située à 4 kilomètres de Sermaize ; frère Nicolas de Vouthon était le cousin germain de la Pucelle, qui, pendant tout le cours de sa mission, eut soin de l’attacher à sa personne en qualité de chapelain. Bienfaiteur de son frère et sans doute aussi de ses deux sœurs, le curé de Sermaize dut exercer une grande influence sur la mère de Jeanne, qui parait avoir été vouée aux pratiques de la piété la plus ardente, comme l’indique sa présence au Puy pendant le jubilé de 1429 et ce sobriquet de Romée, qui dut lui être donné, selon l’usage, en souvenir d’un pèlerinage à Rome. Il y a plus. Comme Sermaize est un bourg de Champagne situé à peu de distance de Geffonds, patrie présumée de Jacques d’Arc, il n’est pas téméraire de supposer que le curé Henri de Vouthon a pu prendre une part plus ou moins active au mariage de sa sœur avec un Champenois. Les Vouthon, de Sermaize, entretenaient du reste avec leurs parens de Domremy des relations affectueuses et suivies. Un cousin issu de germain de la Pucelle, Henri de Vouthon, fils de Perrinet, charpentier comme son père et demeurant à Sermaize, déposa dans l’enquête de 1476 qu’il était allé, au temps de sa jeunesse, en compagnie de son dit père, à Domremy chez Jacquot d’Arc et Ysabellot sa femme, père et mère de Jeanne la Pucelle alors jeune fille, qui leur avaient fait bonne chère. Le même témoin affirma que Jeanne et ses frères étaient allés plusieurs fois à Sermaize, où ils avaient passé à diverses reprises un certain nombre de jours dans la maison de Perrinet de Vouthon son père, leur cousin germain du côté maternel. Nous