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première fois, consignée dans le Traité sommaire tant du nom et des armes que de la naissance et parenté de la Pucelle d’Orléans, publié par Charles Du Lis en 1612. L’auteur de ce Traité, qui descendait de Pierre d’Arc, le plus jeune des frères de la Pucelle, dit que cette version se fonde sur des titres et contrats conservés en la ville de Saint-Dizier. Nous n’avons pu, malgré toutes nos recherches, retrouver un seul de ces titres ; cependant, l’assertion de Charles Du Lis est si formelle et si précise qu’il faut bien admettre, au moins jusqu’à nouvel ordre, cette origine champenoise du père de Jeanne d’Arc. D’après une indication donnée en 1879 à MM. E. de Bouteiller et G. de Braux par M. Oranger, curé de Ceffonds, on connaîtrait encore dans ce village la maison d’Arc, désignée par des titres fort anciens comme ayant appartenu, au XVe siècle, à Jean d’Arc, demeurant à Domremy.

Une famille noble du même nom florissait dans le comté de Bourgogne aux environs d’Arc-sur-Tille ; en 1398, une châtelaine appartenant à cette famille et qui portait, comme la libératrice d’Orléans, le nom de Jeanne d’Arc, possédait la seigneurie de Sarrey, village situé près de Chaumont, dans le canton de Montigny-le-Roi ; elle était entrée par un mariage dans l’illustre famille de Saulx.

Nous avons retrouvé et publié divers extraits d’un registre de la chambre des comptes de Bar où maître Simon de Montiérender figure de 1385 à 1387 comme procureur du duc de Bar, dans le Bassigny champenois, c’est-à-dire dans la région même où se trouve le village de Domremy ; il n’est pas impossible que Jacques d’Arc, originaire de Ceffonds et né, selon toute apparence, vers 1375, ait été attiré sur les bords de la Meuse par cet important fonctionnaire, son compatriote, au service duquel il aurait été attaché dans sa jeunesse. Au rapport de Charles Du Lis, le père de Jeanne avait deux frères : Nicolas et Jean d’Arc ; ce dernier prêta serment, en 1436, comme arpenteur du roi pour les bois et forêts au département de France.

La famille d’Isabeau Romée de Vouthon, mère de Jeanne, est beaucoup mieux connue que celle de son père. Cette famille tirait son nom du village de Vouthon, d’où elle était originaire ; et ce village, limitrophe de Domremy à l’ouest et au sud, réuni aujourd’hui à Gondrecourt et divisé en deux sections sous les noms de Vouthon-le-Bas et de Vouthon-le-Haut, ce village dépendait alors de la partie du duché de Bar mouvant de la couronne de France. La famille de Jeanne offrait, par conséquent, la même dualité que son village natal ; et de même que celui-ci était mi-partie de la Champagne et du duché de Bar, la Pucelle, Champenoise par son père, était Barroise par sa mère. Jean de Vouthon, mentionné en 1385 dans un registre des exploits de justice de la prévôté de Gondrecourt, était sans doute le père