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le protectorat de l’Autriche, et y avaient fondé une école de filles. Actuellement plusieurs écoles du même genre ont été établies à Dervend, Livno, Zepû. Depuis l’occupation, est venue d’abord, en 1880, la congrégation du Précieux-Sang, qui a créé un établissement, le cloître de Nazareth, à Popavlica, près de Banjaluka ; elle ne se livre pas seulement à l’éducation des jeunes filles, elle organise encore un orphelinat. En 1882, la congrégation des Filles de l’Amour-Divin arriva à Serajewo, où elle a déjà deux établissemens d’éducation sous les vocables de Saint-Joseph et Sainte-Marie. Cette congrégation s’occupe de l’instruction des pauvres orphelins, et principalement de l’enseignement des filles. En 1884, elle a créé deux maisons d’éducation, à quatre classes chacune, pour les filles, à Dolnja-Tuzla et à Breske, canton de Tuzla. À cette dernière maison est jointe une ferme modèle, pour laquelle le gouvernement a fourni le terrain. Ces fondations catholiques, consacrées à l’instruction du sexe féminin, auront une grande influence sur le développement intellectuel du peuple. Ce ne sont pas seulement des écoles ouvertes aux catholiques, elles accueillent également les filles appartenant aux autres religions ; leur direction s’est sévèrement interdit toute espèce de propagande ; elle se borne à donner aux élèves les connaissances nécessaires et à leur apprendre les travaux du ménage. Au reste, le gouvernement austro-hongrois, qui entretient, comme nous l’avons dit, aux frais de la province, le séminaire de Travnik, consacre aussi une partie des revenus du pays aux écoles populaires fondées par les catholiques. De plus, il a donné, de 1880 à 1884, près de 50,000 florins pour aider à la construction d’églises. Grâce à ces libéralités, les catholiques ont pu, dans ces cinq dernières années, restaurer dix-sept églises et en construire dix-huit nouvelles, dont onze sont à peu près terminées. Une cathédrale commence déjà à s’élever à Serajewo, la capitale de la Bosnie. Les dépenses nécessaires à sa construction sont couvertes à l’aide de souscriptions qui ont été faites dans toutes les parties de la monarchie.

En l’année 1882, le moment parut enfin venu de mettre également ordre aux affaires de la religion musulmane. Le gouvernement austro-hongrois ne voulut entreprendre cette œuvre qu’après de sérieuses réflexions ; il procéda avec une extrême prudence, comprenant que, pour une puissance non musulmane, la tâche était des plus délicates et des plus difficiles. Nous avons montré plus haut les différences fondamentales qui existent entre l’organisation religieuse de l’islam et celle des cultes chrétiens ; nous avons montré aussi la corrélation intime qui existe entre cette organisation religieuse et l’administration de l’empire turc ; mais nous avons