Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 69.djvu/659

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les plus difficiles de tous. Aussi la population orthodoxe accueillit-elle avec joie la suppression de la vladikarina et la salua-t-elle par des marques de sincère reconnaissance lorsqu’elle fut publiée à la pâque grecque.

Enfin le gouvernement austro-hongrois s’occupe tout particulièrement des communes d’écoles. Ces communes d’écoles sont, on le sait, propres à l’Orient. Ce ne sont pas de simples paroisses, puisqu’elles ont à administrer à la fois des fonds d’église et des fonds d’école, et éventuellement aussi des aumônes, puisqu’elles remplissent une sorte d’emploi de juge de paix dans les affaires de famille et d’héritage ; mais c’est surtout à l’entretien et à l’administration des écoles de la confession qu’elles se consacrent. Au début de l’occupation, rien ne fut changé à l’organisation ; mais il y manquait une sanction légale : rien n’était réglé, ni les relations des communes avec l’état ni le contrôle de ce dernier sur leurs actes. Tant qu’elles se bornaient à leur mission, bien qu’elles s’en acquittassent fort irrégulièrement, le gouvernement n’avait aucun motif d’intervenir dans leur fonctionnement ; il n’en était plus de même lorsqu’elles sortaient de la sphère de leur activité propre. Ainsi, en 1882, les communes d’écoles de Mostar durent être dissoutes et suspendues, parce qu’elles s’étaient livrées à des menées politiques. Toutefois, en 1884, le gouvernement austro-hongrois a jugé qu’il pouvait les rétablir sans danger, à la seule condition de modifier leurs statuts, de manière à les enfermer dans leur rôle légitime et à établir sur elles la surveillance de l’état. Elles furent donc reconstituées à Mustelar, lors de la fête du nouvel an grec en 1885, à la grande joie de la population orthodoxe. Outre tout ce que nous venons de dire, le gouvernement austro-hongrois a largement contribué à la construction des églises orientales. Plus de 80,000 florins ont été dépensés à cet effet de 1880 à 1883. Des secours ont été distribués, de nouvelles églises ont été bâties, des couvens, des cures restaurés, des objets de culte donnés. Le nombre de ces constructions du culte orthodoxe s’élève à 48 par an. Il faut ajouter aux subventions en argent, les matériaux, bois, pierre, laissés gratuitement aux orthodoxes et plusieurs millions de florins accordés à leurs écoles. On voit avec quel soin l’Autriche-Hongrie s’est appliquée à assurer les intérêts des orthodoxes ; il faut reconnaître qu’elle a placé leur église dans les conditions les plus favorables à son développement régulier.

Le tour de la réorganisation de la hiérarchie de l’église catholique vint presque en même temps que celui de l’église orthodoxe orientale. Nous avons déjà parlé des négociations entreprises vers la fin de l’année 1880 entre Vienne et la cour pontificale. Elles