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d’autre devoir que le respect de ses dogmes et de ses canons. Six mois après la conclusion du traité avec le patriarche, une première occasion de nommer un métropolitain se présenta. Anthimos, qui avait été jusque-là métropolitain de Serajewo, fut invité à demander sa retraite, qui lui fut immédiatement accordée. On nomma à sa place, le 20 décembre 1880, l’archimandrite Sava Kasanovitz, dont nous avons déjà parlé, homme du pays, zélé et ami du progrès. En mars 1880, il prêta serment à Vienne entre les mains de l’empereur, et le 10 avril de la même année, il fut consacré solennellement à Serajewo, selon le rite de l’église, par les trois métropolitains de Pristina, de Mostar et de Cattaro, puis installé dans sa nouvelle dignité par le chef du pays, au bruit du canon et après lecture du diplôme d’intronisation signé par François-Joseph en caractères cyrilliques. Jamais les populations n’avaient vu pareille fêle. Les chrétiens orthodoxes reconnaissaient plus évidemment que jamais qu’une grande révolution s’était accomplie en leur faveur. Aussi manifestèrent-ils leur reconnaissance envers l’Autriche-Hongrie et leur enthousiasme pour elle par des signes éclatans. Les autres confessions unirent leur voix à celle des orthodoxes. Un des mahométans les plus estimés de la contrée remercia, au nom de ses coreligionnaires, dans un langage solennel, le gouvernement austro-hongrois de la nomination de leur compatriote Sava, « ce dont, comme fils du même pays, il ne se réjouissait pas moins, dit-il, que les orthodoxes eux-mêmes. » Le nouveau métropolitain fut salué avec la même cordialité par les catholiques et les israélites, et la fête se termina par des démonstrations fraternelles aussi nouvelles que consolantes.

En exécution de la convention passée avec le patriarche œcuménique, le gouvernement s’occupa sans retard de régler les traitemens des évêques orthodoxes. En 1881, la vladikarina (taxe religieuse) fut perçue, comme les autres impôts, par le bureau des contributions, et les traitemens des évêques, produits jadis par cette taxe, furent fixés à 8,300 florins pour le métropolitain de Tuzlor (Zvornik), 5,800 pour celui de Serajewo et 4,500 pour celui de Mostar. Pour répondre aux souhaits des notables et aux vrais besoins de l’église, il fut entendu qu’un consistoire serait fondé à la métropole de Serajewo ; mais le ministre, M. de Kallay, n’en rédigea les statuts et ne présida à son installation que dans l’automne de 1882. Le consistoire éparchial, établi par décret de l’empereur, se compose d’un archimandrite consistorial, de trois conseillers consistoriaux, recevant des traitemens, et de trois autres gratuits, tous nommés par l’empereur. La première nomination eut lieu le 17 octobre 1882. L’archimandrite consistorial et les conseillers consistoriaux touchent par an chacun 2,000 florins. De même, le