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de vous informer de tout ce qui vous regarde, de vous demander vos vues sur la manière d’établir la tranquillité dans tous les districts, soit maritimes, soit de l’intérieur, sur les plages d’Alger et d’Oran, dans les plaines et dans les montagnes depuis Tlemcen et Mascara jusqu’à Médéa et les environs d’Alger. » Ni Miloud, qui fut bien accueilli d’ailleurs, ni le général Desmichels ne purent obtenir ce qu’ils étaient venus chercher l’un et l’autre, une indication un peu nette de la direction que le gouverneur-général entendait donner, dans la province d’Oran, aux affaires. Le général Duzer, venu de Bône, ne fut pas beaucoup plus heureux ; il est vrai que tout allait si bien dans son commandement qu’il n’y avait presque rien à lui dire.

Toute l’attention du gouverneur paraissait concentrée sur la Métidja. C’était là qu’il voulait rétablir l’autorité française. Il lui déplaisait, par exemple, que le marché de Bou-Farik fût interdit aux Européens. Le lundi 13 octobre 1834, il y envoya le colonel de Schauenbourg, du 1er régiment de chasseurs d’Afrique, avec une bonne escorte de cavalerie et d’infanterie. Surpris et inquiets d’abord, les Arabes ne firent aucune démonstration hostile ; les kaïds de Khachna, de Beni-Mouça, des Arib, de Beni-Khelil parurent satisfaits ; seuls les Hadjoutes se retirèrent. Depuis ce jour-là, quelques marchands d’Alger commencèrent à fréquenter Bou-Farik ; mais il était bien évident qu’ils n’y étaient que tolérés. Afin d’agir plus directement sur les indigènes, le gouverneur général rétablit la charge d’agha des Arabes et il en revêtit le lieutenant-colonel Marey, l’ancien commandant des chasseurs algériens, qui s’occupait alors d’organiser un corps de spahis réguliers. Le bureau arabe fut en même temps supprimé ; avec un agha il n’avait plus de raison d’être.

Les débuts du lieutenant-colonel ne furent pas heureux; il annonça aux tribus sa nomination par une lettre hautaine qui fit un mauvais effet. Les maraudeurs, les pillards, les coupeurs de route reparurent ; les vols de bestiaux recommencèrent. Poussé par l’agha, qui était furieux du mépris que lui témoignaient particulièrement les Hadjoutes, le gouverneur envoya contre eux une expédition dont il confia la direction au général Rapatel. L’affaire commença, le 5 janvier 1835, par l’arrestation de deux de leurs grands sur le marché de Bou-Farik ; avertis par ce premier coup de main, les autres se mirent en sûreté. Du 6 au 10, le général Rapatel, assisté du général Bro et suivi de 3,000 hommes avec du canon, parcourut la plaine jusqu’à 25 lieues d’Alger, — jamais à l’ouest on n’avait été aussi loin, — reconnut le lac Halloula, pénétra dans la montagne, brûla quelques gourbis, se mit sur les bras, outre les Mouzaïa, complices des Hadjoutes, les Soumata et les Beni-Menad, fut reconduit