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des hommes compétens, des banquiers de la plus haute capacité, et c’est ce qui explique comment les maisons de banque les plus anciennes, celles qui jouissent du plus grand renom, sont représentées toutes dans les conseils des compagnies d’assurances. Les assurances sur la vie sont en outre soumises à une surveillance particulière de l’état, le placement des fonds versés ne peut se faire qu’en certaines valeurs telles que nos rentes et nos obligations de chemins de fer garanties par l’état, ou en immeubles ; comme les fonds versés forment un capital important, l’influence des sociétés d’assurances est très grande. En 1884, nous avons vu que, pour vingt-deux compagnies d’assurances sur la vie citées par le Moniteur des Assurances, l’actif s’élevait à plus d’un milliard comprenant cent cinquante millions de fonds publics français, deux cent vingt-deux millions d’immeubles, trois cent un millions d’obligations de nos chemins de fer et des sommes placées en valeurs de villes. Comme toutes les assurances sur la vie donnent lieu à un paiement, il faut donc que les versemens accumulés puissent être un jour liquidés aisément ; de là la nécessité des bons placemens et des fortes réserves d’une réalisation facile et sûre, de là des acquisitions d’immeubles qui ont été faites surtout à Paris et qui inspirent confiance par les bonnes conditions où ils se trouvent. À l’égard de ces maisons, il est juste de reconnaître que les propriétés des compagnies d’assurances se distinguent par leur solidité, leurs bons aménagemens intérieurs et leur appropriation à tous les usages que les nécessités chaque jour croissantes du public introduisent dans les habitudes. Aussi ces immeubles n’ont cessé de croître en valeur. Il en est de même des placemens en fonds publics et en obligations de chemins de fer ; le moment où ils ont été faits a été si heureusement choisi que leur valeur en capital s’est considérablement augmentée ; leur acquisition a puissamment aidé à la hausse générale de ces titres.

Ainsi tout s’enchaîne dans ce monde financier, dont la mobilité frappe tant l’esprit public, et tous les intérêts se trouvent pour ainsi dire solidaires les uns des autres. Qui atteint l’un menace l’ensemble tout entier, qui favorise l’un a droit à la reconnaissance de tous. Ne nous lassons donc pas de les étudier chacun à part et de signaler les faits nouveaux qui se produisent, les mœurs nouvelles qui surgissent et les espérances ou les craintes qui peuvent s’attacher aux changemens et aux améliorations de nos habitudes financières.


BAILLEUX DE MARISY.