Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 69.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et la facilité de percevoir les commissions qu’il peut gagner expliquent toutes les modifications que les peuples du nouveau et de l’ancien monde ont déjà subies et poursuivent encore pour trouver la voie la plus courte et la meilleure des échanges entre les objets de consommation.

Or, si c’est le commissionnaire ou, pour mieux dire, l’intermédiaire qui est le maître du marché, si c’est le commerce qui gouverne l’industrie, il faut reconnaître qu’en aucune transaction financière, plus qu’en matière d’assurances, la commission n’a joué un rôle actif et prépondérant. Un fait tout récent peut servir d’exemple : la création des grands magasins à Paris a eu pour objet d’offrir, réunis dans une même enceinte, les produits les plus divers, de les livrer au consommateur à des prix ordinairement très modérés, sauf à les surhausser quand le commerce de détail, à peu près détruit, ne pouvait plus leur faire concurrence ; mais, en réalité, la création nouvelle ne faisait que substituer d’autres intermédiaires à ceux qui existaient déjà et centralisait la commission en une seule main. De même les contrats d’assurance se sont surtout multipliés par les intermédiaires des compagnies entre elles et le public, et c’est aux chercheurs de commission que leur accroissement est dû particulièrement. Sans doute il semblerait naturel que chacun dût se préoccuper lui-même de fuir les dangers auxquels le feu l’expose ; tout possesseur de mobilier, tout propriétaire d’immeuble est à même de comprendre ce que l’incendie peut lui occasionner de pertes, comme tout être mortel doit songer à faire des économies pour sa vieillesse et pour laisser quelques ressources à sa famille. Mais il reste encore tant de propagande à faire en matière d’assurance, tant de convictions à former, que le rôle des intermédiaires est plus actif dans cette branche de nos transactions financières que dans toute autre et que la profession de courtier s’y exerce le plus utilement et avec les avantages les plus marqués. Les compagnies ont toutes des représentans à Paris même et dans les départemens, qui courent ce qu’on appelle la clientèle, procèdent au renouvellement des contrats, au versement des primes et prélèvent de fortes commissions ; nous en avons déjà dit assez à ce sujet et il n’y a plus à y revenir, mais on ne saurait oublier l’action que le développement des assurances a pu et pourra avoir sur l’ensemble de la richesse mobilière, et c’est par ce côté surtout qu’elles intéressent la fortune publique. Les sociétés à primes fixes et même les sociétés mutuelles ont à faire emploi des versemens faits et des sommes qu’elles auront à payer dans des temps plus ou moins éloignés ; de là peuvent résulter pour les assureurs de grands bénéfices ou de grandes pertes, de là la nécessité d’avoir pour administrateurs