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pas astreintes à payer une contribution semblable dans le prix de leur assurance. Une maison à destination d’habitation ordinaire, bien construite, bien entourée, ne paie que la contribution simple : quand elle est affectée à usage commercial ou industriel, qu’elle se trouve placée dans le voisinage de certaines fabriques, dans des quartiers plus populeux ou moins largement ouverts, enfin, quand elle présente des chances plus ou moins grandes d’incendie, même si la décoration intérieure expose à des réparations de luxe beaucoup trop chères, elle paie des contributions qui peuvent surpasser plusieurs fois la contribution première. Or l’administration de la société a toujours opéré avec tant de sagesse qu’elle n’a jamais été en perte sur ces évaluations et, grâce aux excédens qui en résultent, elle a pu maintenir le taux à payer par ses sociétaires, en y comprenant l’allocation pour les frais d’administration de toute nature, à une moyenne qui ne dépasse pas en général 10 francs pour 100,000 francs de valeur assurée. Il y a lieu de remarquer ici l’usage fait de l’allocation accordée aux frais d’administration : comme ils sont l’objet de la plus rigoureuse économie, un excédent en résulte presque toujours. Dans la première période de son existence, la société destinait ces excédens, une fois payées les œuvres de bienfaisance adoptées par elle, à diminuer la contribution des sociétaires aux sinistres ; depuis un certain temps, elle les a consacrés à créer un fonds de réserve qui doit servir de fonds de roulement pour le paiement des sinistres survenus dans l’année avant le règlement même des comptes de l’exercice et le paiement de la contribution des sociétaires ou des recours à exercer ; elle y trouverait même, dans le cas où un sinistre très considérable se produirait, une sorte de subvention extraordinaire qui diminuerait la contribution définitive, s’il fallait l’élever pour une année à un taux insolite et trop éloigné de la moyenne ordinaire. Cette réserve, d’abord nulle, a été plusieurs fois poussée à un chiffre de plus en plus important ; or on ne s’arrête pas dans cette voie ; et chaque exercice donne des résultats dont on ne veut pas même entrevoir le terme, et qui sont de nature à encourager les plus larges espérances.

En face de cette prospérité toujours croissante et dont les limites restent encore vastes, on s’est demandé si la Société mutuelle ne devrait pas assurer à la fois les risques mobiliers et immobiliers; nous n’oserions, pour notre part, l’y engager, quoique les uns et les autres soient étroitement unis et que, pour les propriétaires au moins, le résultat de l’incendie demeure connexe. L’intérêt du propriétaire à contracter pour son mobilier avec la société qui assure déjà son immeuble semblerait demander cette jonction. Mais, outre que la Société mutuelle a toujours tenu à conserver son