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non remboursable qu’il se procure aujourd’hui à l’aide de ces parts prises sur les appointemens. Or notre budget ne comporte pas de retranchemens semblables, et c’est ainsi que la Caisse de prévoyance, comme l’on a dit, ne semble pas devoir arriver à voir le jour.

En sera-t-il de même de tous les projets qui se poursuivent sur les caisses de secours que l’on voudrait établir pour venir en aide aux associations ouvrières contre les accidens, la vieillesse, la maladie, etc. ? Nous sommes en ce moment sous l’empire d’une préoccupation générale qu’on pourrait appeler celle de la charité civile à exercer à l’égard des classes les plus nombreuses: nous avons dit nous-même à propos des sacrifices que l’on demande aux budgets des communes et des départemens dont les charges ont été si accrues par les dépenses de l’instruction, des routes, nous avons dit qu’allait venir le moment où il y aurait lieu d’accroître encore ces charges pour augmenter les hôpitaux, les hospices, les refuges, pour créer enfin le budget de la bienfaisance et de la charité ; or ce moment n’est-il pas proche, et ne trouverait-on pas opportun de réserver à ces dépens.es à faire dans l’intérêt des classes les plus nombreuses la ressource de la surélévation des impôts sur les alcools que demandait M. Henri Germain dans la dernière discussion du budget? Réserver pour récompenser le travail les charges qu’il serait utile d’imposer à l’ivrognerie serait obtenir d’un seul coup deux bons résultats.

Revenons aux assurances mutuelles contre l’incendie. Sans doute, les chances ne sont pas les mêmes entre tous ceux qui cherchent à se préserver des ravages du feu ; telle maison assurée contre l’incendie présente plus ou moins d’aliment au feu, est exposée plus ou moins à ses attaques et offre plus ou moins de défense selon sa nature propre et sa situation. Mais il semble facile de déterminer les chances de l’objet assuré, et, en proportionnant la prime à payer dans chaque assurance à ces chances mêmes, on établit une égalité qui rend la mutualité possible ; et, comme ce système présente l’avantage du bon marché, puisque les sociétés mutuelles n’ont pas de capital d’actionnaires à rémunérer, il doit devenir populaire et grouper de nombreux adhérons; mais il offre aussi un inconvénient réel : présente-t-il à l’assuré la même sécurité et les mêmes garanties pour le paiement des sinistres?

Une société à primes fixes, pourvue d’un capital social important et de fortes réserves, appuyée sur un passé irréprochable, promet à celui qui contracte avec elle que les dommages subis seront promptement réglés et entièrement payés, à moins de ces catastrophes qui engloberaient des villes ou des pays entiers, et dans lesquelles le cas de force majeure pourrait réellement s’appliquer. Ces facilités de règlement, cette certitude de remboursement