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cas de vie et les assurances en cas de décès, aboutissant ainsi, sous diverses formes, à la protection de l’existence individuelle. Malheureusement, aujourd’hui, d’autres préoccupations nous assiègent, et ce n’est plus le mot: «En avant! » qui est de saison, c’est un avertissement à la prudence, à la circonspection, presque un mot d’ordre contraire, puisque, comme les faits le démontrent, les avantages recueillis non-seulement ont été plus lents, mais que de nombreux essais pour des créations nouvelles de sociétés n’ont pas réussi et ne devaient pas réussir.

Or ce n’est pas l’intérêt de ces sociétés que nous avons en vue, ce n’est pas à leur propre succès que nous visons de préférence, c’est avant tout au succès de l’assurance en principe, de celle qui, selon le mot de M. Gladstone dans la discussion de la loi de 1862 constituant l’état anglais assureur viager, avait pour but l’amélioration du sort des plus nombreux et des plus chers des concitoyens du ministre. Les assurances en cas de mort et pour l’amélioration de la vie, si l’on peut parler ainsi, ont alors obtenu en Angleterre un concours qui fait, comme le disait M. Augustin Cochin, l’état l’assureur du peuple ; c’est bien ce rôle qui lui appartient aussi chez nous, non pas d’une façon directe et absolue, comme quelques utopistes persistent encore à le demander, mais d’une façon indirecte par le concours qu’il faut prêter à toutes les combinaisons que l’esprit inventif trouvera pour venir au secours des nécessiteux et stimuler le penchant à l’économie et à la prévoyance, en un mot, par une surveillance plus directe et plus minutieuse des opérations privées. Les assurances sur la vie sont, en effet, l’objet de précautions administratives qui ne sont pas prévues pour les autres contrats d’assurances : certains articles de statuts des sociétés recommandent des placemens spéciaux pour les sommes versées et exigent des précautions pour le paiement des actions elles-mêmes. Il ne faut pas affaiblir ces règlemens, mais les fortifier au contraire et rendre le contrôle plus actif et plus rigoureux.

L’état, en garantissant la caisse de retraite pour la vieillesse, en aidant à la création des sociétés de secours mutuels, en protégeant toutes les caisses d’épargne, a conquis un droit, on peut même dire a contracté des devoirs que l’on est presque porté à exagérer, puisqu’on semble lui demander d’être le seul assureur. On l’a vu, lorsque des désordres ont éclaté dans certaines localités, où les caisses d’épargne ont été entraînées à ne pouvoir remplir leurs engagemens : l’opinion publique s’est révoltée contre cette localisation des caisses tombées en faillite et a demandé la solidarité de toutes sous l’égide de l’état. S’il en doit être ainsi, on concevra l’utilité de la surveillance officielle à l’égard des sociétés privées, de même qu’on ne conteste pas son action vis-à-vis