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par assurances en cas de décès, et 18 par assurances en cas de vie. Les sinistres en 1883 avaient dépassé 35 millions, ils n’étaient que de 33 millions en 1882.

Dans les tableaux du Moniteur des assurances, deux chiffres très significatifs doivent être relevés, celui des frais généraux des compagnies, qui, pour l’année 1883. montent à plus de 9 millions, et celui des commissions, qui en dépassent 10 1/2. Les primes de première année reçues par les compagnies n’étant que de 18,600,000 francs, les commissions ont donc prélevé 57 pour 100, et, avec les frais généraux, tout a été absorbé, aucun bénéfice n’est resté dans les mains des assureurs.

A cet égard, il faut bien comprendre comment opèrent les compagnies d’assurances sur la vie. Les contrats en cas de mort sont passés pour toute la durée de la vie ; ceux pour des paiemens différés ou des rentes viagères sont passés pour plusieurs années et durent vingt ans en moyenne. Les primes se paient d’avance.

Si ces contrats sont passés au moyen d’un intermédiaire, celui-ci prélève d’avance sa commission, il touche en général le montant d’une année de prime; mais quand les versemens se prolongent pendant la vie entière ou pendant un grand nombre d’années, s’il s’agit de rentes viagères, la commission peut s’étendre au-delà d’une année. A Paris, les intermédiaires traitent à forfait, et leur courtage se règle en conséquence; en province, lors du paiement des primes, il y a toujours un droit d’encaissement pour les représentans des compagnies. Tous ces frais amoindrissent de beaucoup le produit des opérations, et c’est ainsi que, pendant la dernière période, la profession d’assureur a vu tant de pertes se produire.

Avant d’achever l’exposé de toutes les fautes commises par les sociétés d’assurances, il nous est impossible de ne pas faire un retour sur les premiers mouvemens que nous signalions tout d’abord. Nous souffrions du retard qui se manifestait en France, par rapport aux autres pays, dans des opérations utiles à tous, profitant surtout aux plus pauvres ; nous nous réjouissions de voir les écrivains spéciaux mettre en lumière les avantages sociaux et politiques qui en découleraient. L’état lui-même, par l’établissement des caisses de retraite et de la vieillesse ; les villes, par la création des sociétés de secours mutuels et des caisses d’épargne, favorisaient, à l’exemple du gouvernement anglais, si opposé à toute ingérence de l’état dans les entreprises particulières, mais qui faisait à cet égard une bien remarquable exception, favorisaient, disions-nous, une propagande qui embrassait dans le même élan les assurances en