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d’action consistent en bateaux torpilleurs, munis, ou plutôt devant être munis les uns de torpilles portées, les autres de torpilles automobiles. Pour armer ces derniers, il faut avoir des torpilles Whitehead, qui, réglées et conservées en bon état pendant la paix, peuvent être délivrées rapidement aux torpilleurs au moment d’une guerre. Ce service est du ressort de la commission de réglage. Il existe une commission de réglage dans nos cinq ports, où elle forme une délégation de la commission locale : elle se compose du capitaine de frégate commandant la défense mobile, d’un lieutenant de vaisseau de la défense fixe et de l’officier du génie maritime membre de la commission locale. La commission de réglage exerce son action sur tout ce qui se rapporte au réglage des torpilles Whitehead : préparation des torpilles à l’atelier, bon état d’entretien, réparations et modifications faites d’après les demandes, lancemens des torpilles, etc. Il faut dire tout de suite que la dualité des fonctions imposées au commandant de la défense mobile et au lieutenant de la défense fixe est fort regrettable. Elle favorise l’indécision et le manque d’activité qui entravent jusqu’ici le progrès dans nos ports. Il arrive aussi bien souvent que le capitaine de frégate, président de la commission de réglage, et le lieutenant de vaisseau qui y est attaché ne connaissent ni l’un ni l’autre la torpille automobile au moment où ils entrent en fonctions. Ce n’est qu’après une longue pratique qu’ils commencent à se mettre au courant de cet engin, de sorte que tout le fonctionnement de la commission repose sur l’ingénieur et sur les contremaîtres de l’atelier. L’ingénieur lui-même est changé très fréquemment ; il a d’ailleurs trop d’occupations différentes pour s’appliquer beaucoup au soin de la torpille. Faut-il donc s’étonner si, dans deux ou plutôt dans quatre de nos ports, on ne sait ni préparer, ni régler, ni entretenir les torpilles Whitehead ? Cette situation, affirmée par les uns, niée par les autres, a produit tout récemment un incident qui caractérise bien l’état déplorable de notre organisation maritime. Voulant se défendre du reproche d’inaction, le port de Cherbourg a créé de toutes pièces un système de manœuvres des torpilles pour les torpilleurs autonomes, le système Laffisse. Ce système augmente de 1,750 kilogrammes au moins la surcharge du torpilleur et pèse 1,600 kilogrammes de plus que le système adopté jusqu’à ce jour par le port de Toulon. Les autorités de ce dernier port ont donc fait contre son adoption des observations motivées auxquelles celles de Cherbourg ne se sont pas rendues. Sur de nouvelles observations, mais très timides, adressées de Toulon au ministre, celui-ci a passé outre et ordonné l’installation du système Laffisse sur le torpilleur 62. A l’arrivée de ce torpilleur en escadre, la commission d’examen a condamné le système, et on a dû procéder à la réinstallation du