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couches stratifiées de l’époque tertiaire, c’est-à-dire très récentes, ont été, soit fortement redressées, soit soulevées à des hauteurs de plus de 1,000 mètres au-dessus de la mer, tout en ayant conservé leur horizontalité. D’après M. de Botella, il y a même, en diverses localités, au pied de la chaîne, des couches regardées comme quaternaires, qui ont été relevées jusqu’à une inclinaison de 65 degrés. En outre, d’innombrables failles sillonnent toute la contrée, et les parties les plus éprouvées se trouvent précisément, d’après M. Macpherson, sur les failles qui terminent le massif cristallin de la Sierra Tejea et Almijara. D’ailleurs, les nombreuses sources thermales qui jaillissent dans la même contrée sont aussi des témoins des cassures profondes qui la traversent. La mission que notre Académie des Sciences a envoyée étudie en ce moment avec soin les relations des tremblemens de terre avec la disposition des terrains disloqués. Les travaux de cette mission, ainsi que ceux de la commission espagnole, augmenteront, on doit l’espérer, nos lumières sur ce sujet.

Des circonstances semblables, dislocations et âge récent, se retrouvent dans bien d’autres pays également soumis à des perturbations souterraines. Elles se montrent notamment dans cette partie du bassin de la Méditerranée qui a été signalée plus haut comme étant particulièrement agitée, quoique éloignée des volcans, dans la chaîne des Apennins, dans celle du Liban et dans les massifs montagneux de la Dalmatie et de la Croatie qui bordent l’Adriatique. La configuration des côtes septentrionales de cette mer, si exceptionnellement déchiquetées et découpées par des anfractuosités profondes, résulte de la complexité des cassures qui en ont dessiné les traits principaux. La chaîne des Alpes elle-même, où des secousses sont ressenties à peu près chaque année, n’a acquis son dernier relief qu’à une époque relativement récente. On conçoit que, dans de telles conditions, les masses intérieures ne soient pas encore équilibrées, ni complètement tassées, et qu’elles présentent des vides spacieux, favorables à des effondremens.


IV

D’après l’opinion qui parait dominer aujourd’hui, il y aurait donc au moins deux espèces de tremblemens de terre : ceux qui sont dus à des actions volcaniques et qui auraient pour moteur la vapeur d’eau, et ceux qui ne seraient que l’effet de ruptures d’équilibre dans les masses solides, comme on vient de le voir.

Mais l’esprit admet avec peine deux causes aussi différentes pour