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éprouve des secousses très prononcées et parfois violentes. Bien plus généralement encore, ce sont des frémissemens, qui ne sont perceptibles qu’à l’aide d’appareils spéciaux, et par une sorte d’auscultation. En réalité, ce sont des mouvemens continuels et de divers ordres. Il nous reste à rechercher à quelles causes souterraines on peut attribuer ces agitations incessantes.


III

Quelque multipliées que soient les observations sur les tremblemens de terre, elles ne peuvent concerner que les manifestations externes d’un phénomène dont le foyer se dérobe complètement à notre regard, et dont nous sommes séparés par un revêtement de roches d’une épaisseur très considérable. Aussi, est-ce surtout à l’occasion de ce mode de réaction de l’intérieur du globe sur son écorce que l’on reconnaît combien l’esprit humain reste impuissant dans l’étude de la nature, lorsqu’il ne peut s’appuyer sur l’observation directe des faits.

Ainsi s’expliquent la diversité des hypothèses qui récemment encore ont été émises sur les tremblemens de terre et la bizarrerie de quelques-unes d’entre elles. Ils ont été attribués, soit à des orages électriques souterrains, soit à l’influence du soleil qui gouvernerait le régime des parties internes des planètes aussi bien que les mouvemens de leur atmosphère et le parcours de leur orbite : les ébranlemens seraient dus à des poussées qu’exerceraient contre la croûte terrestre les masses liquides ou pâteuses qui la supportent. Ces réactions seraient du même genre et causées par les mêmes forces que celles qui produisent le flux et le reflux de la mer. On a cherché aussi la cause de ces sortes de marées intérieures dans l’influence d’avènemens d’astéroïdes ou dans celle de conjonctions et d’oppositions de planètes, d’où résulterait, dans ce dernier cas, la prétention de prédire l’arrivée de ces actions intestines. À la suite de laborieux recensemens pour plusieurs siècles et pour tous les pays, qui sont d’une grande valeur pour la science, Alexis Perrey avait cru pouvoir déduire un fait dont l’importance aurait été capitale s’il avait été bien établi. C’est que les tremblemens de terre sont en rapport avec le passage de la lune au méridien, et, par conséquent, avec des marées qu’éprouveraient les masses internes du globe ; mais, malgré tous ses soins, il ne lui a été possible d’arriver à rien de concluant à cet égard. On a tenté aussi de trouver un lien entre la production des secousses et des baisses considérables et rapides du baromètre, qui provoqueraient l’expansion des gaz souterrains.

Des écroulemens de massifs de roches se produisant dans