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C’est un pauvre archipel, perdu au fond de l’Atlantique, qui n’a pas plus de 1,600 habitans, lesquels ne font qu’un peu de pêche et pas du tout de commerce. En déposant là nos récidivistes, nous y gagnerions sans doute l’animosité de la république Argentine, qui a possédé un moment ces îles, de 1820 à 1833, et qui serait encore plus voisine de nos récidivistes que l’Australie de ceux de la Nouvelle-Calédonie. Il n’y a que 800 kilomètres des Falkland au détroit de Magellan ou à la Terre de Feu, tandis qu’il y en a 1,960, ou plus du double, de la Nouvelle-Calédonie à l’Australie.

L’agitation australasienne a provoqué une revendication inqualifiable de tous ces colons pour toutes les îles restées libres dans l’Océan-Pacifique, à commencer par la Nouvelle-Guinée, qui n’est séparée de Queensland que par le détroit de Torrès. Cette lie, grande comme deux fois la France, et dont les Hollandais possèdent depuis longtemps la moitié, à l’ouest, les Australiens ont voulu un moment l’envahir et la garder seuls, pour la mettre à couvert de l’accès de telle ou telle nation européenne qui pourrait, en occupant ces lointaines terres, y envoyer ses condamnés. L’agitation s’est continuée ardente, bruyante, partiale, et le gouvernement britannique a été mis en demeure d’agir, sinon ces colons menaçaient de se séparer définitivement de la mère patrie et de former une nation indépendante, comme firent autrefois les treize colonies anglaises de l’Amérique du Nord. N’ont-ils pas déjà une population de 3 millions d’âmes, comme celles-ci l’avaient à leur début ?

Le comte Derby, secrétaire d’état des colonies, que les Australiens sollicitaient, a fini par les satisfaire par l’occupation ou du moins le protectorat partiel de la Nouvelle-Guinée. Ne menaçaient-ils pas de nous attaquer sur mer ? N’ont-ils pas des navires de guerre et, en quelque endroit, des côtes fortifiées ? En attendant, ils auraient tenté de mettre l’embargo sur tous les navires portant le pavillon français qui seraient apparus dans leurs eaux. On aurait été aussi très sévère contre tous les étrangers, qui auraient dû être munis de passeports.

Le 2 décembre 1883, une convention nationale s’est tenue à Sydney entre toutes les colonies, pour jeter les bases d’une défense commune et décider l’annexion de la Nouvelle-Guinée et de toutes les îles restées libres dans l’Océan-Pacifique. Six des colonies avaient délégué leur premier, et chacune lui avait adjoint quelque autre membre du cabinet. C’étaient l’attorney général et le trésorier colonial pour la Nouvelle-Galles du Sud, le ministre des terres et l’attorney général pour Victoria, le maître général des postes pour Queensland, le ministre des terres et des travaux publics pour la Tasmanie, l’attorney général pour l’Australie du Sud, le