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de Sydney exploitent en ce moment les mines d’argent qui viennent d’être découvertes dans la Nouvelle-Galles du Sud et qu’ils comparent au fameux filon de Comstock, en Nevada, d’où provient, entre autres, la grosse fortune de l’Américain M. Mackay.

L’agriculture est florissante. Dans les premières années de la colonisation, la terre était divisée en vastes enclos ou runs, utilisés seulement pour le pâturage des moutons, qui, en Australie, grâce au climat, paissent toute l’année au grand air. Après la découverte de l’or, on s’occupa sérieusement, devant l’affluence toujours plus forte des immigrans, de la culture du sol. On introduisit des machines à faucher, à moissonner, à battre. En 1881, 400,000 hectares étaient déjà en culture. Le pays produit le blé en abondance, puis l’orge, l’avoine, le maïs, la pomme de terre, le tabac, le houblon. La vigne y est aussi cultivée. La production du blé a été, en 1883-84, de 15 millions de boisseaux ou 5 millions 1/2 d’hectolitres.

Les forêts sont exploitées. Les eucalyptus y atteignent 125 à 140 mètres de haut. Tous les produits de l’agriculture donnent un rendement de plus de 125 millions de francs.

L’industrie pastorale s’est largement développée. On a recensé, en 1883, 10,730.000 moutons, 1,297,000 bêtes à cornes, 281,000 chevaux, 238,000 porcs, 68,000 chèvres, et un petit nombre d’ânes et de mules. Le nombre des éleveurs de troupeaux dépasse 94,000, et les produits de l’élève du bétail et de l’industrie pastorale atteignent déjà 250 millions de francs. La basse - cour renferme 2,760,000 pièces, en très grande partie des poules, puis les canards, les dindes, les oies, les pintades, les paons.

L’industrie, grâce à l’établissement de droits protecteurs très élevés, a progressé grandement. Il y a 2,490 usines, occupant 43, 210 ouvriers et employant une force de 15,000 chevaux-vapeur. On a créé des fonderies, des verreries, des fabriques de meubles, de pianos, d’instrumens aratoires, des papeteries, des tanneries, des brasseries, des filatures de laine. Le rendement de toutes les usines est évalué à 225 millions de francs, ce qui fait que l’industrie et l’agriculture vont de pair.

Le port de Melbourne est le port principal de la colonie et le premier port de l’Australie. Il fait pour 750 millions d’affaires, 90 pour 100 de tous les échanges de Victoria. C’est le marché des laines, du bétail, des viandes conservées, de tous les produits pastoraux, comme Sydney. Dernièrement, un steamer est parti de Melbourne avec 4,510 carcasses de moutons congelés, pris moitié à Sydney et moitié à Melbourne. Des steamers très rapides, munis de chambres réfrigérantes perfectionnées, font de plus en plus ces