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comme Melbourne, est protégé par des forts, a des cuirassés, des canonnières, des croiseurs, des torpilleurs, qui défendent le littoral.

Le lien fictif de la suzeraineté est le seul qui rattache ces colonies à la métropole. La couronne a encore une partie des terres, qu’elle concède aux squatters et aux settlers. Dès la fin de l’année dernière, les colonies ont tenté, par la convocation d’une convention à Sydney, de jeter les bases d’une confédération, d’une sorte d’union politique qui prend corps en ce moment.

Sur toute cette immense étendue, une population active et remuante de 3 millions d’habitans fait, surtout avec l’Angleterre, des échanges qui s’élèvent à une valeur totale de 3 milliards de fr. Ces colons sont presque tous de race anglo-saxonne, hardis, patiens, ne doutant de rien, ne comptant jamais que sur eux-mêmes, et ils ont fait de ce nouveau continent, aux antipodes de l’Europe, un monde merveilleux. La population augmente considérablement chaque année, non-seulement par l’effet de la natalité, c’est-à-dire de l’excédent, qui est ici très notable, des naissances sur les décès ; mais encore par l’immigration, partie surtout de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, qui a été de 37,000 individus en 1882 et de 71,000 en 1883.

L’esprit entreprenant, l’indomptable énergie des colons n’a reculé devant rien pour faire de cette grande terre une contrée privilégiée, dotée de tous les perfectionnemens, de tous les progrès du vieux monde, de tout ce qu’ont créé les peuples les plus civilisés : ports excellens et bien outillés, desservis par les plus puissantes compagnies maritimes ; voies de fer bien tracées, qui s’étendent sur une longueur totale de 12,000 kilomètres ; télégraphes terrestres, longs de 50,000 kilomètres, et plusieurs télégraphes sous-marins, qui relient l’Australie au réseau général du globe. Les bureaux de poste sont nombreux. L’Australie a de plus des banques qui ont en dépôt 1 milliard 550 millions de francs, des écoles, des collèges, des universités, des musées, des bibliothèques, des théâtres, de fort beaux édifices. Elle consacre de grandes sommes à l’éducation publique. Pour le premier degré, de six à quinze ans, l’instruction est obligatoire, gratuite et généralement laïque. Pour élever 500,000 enfans, la dotation de l’instruction publique est de 62,500,000 francs.

L’Australie n’a rien à envier à l’Europe pour le confort. On vit dans les grandes villes, dont quelques-unes ont plus de 200,000 habitans, avec autant de luxe que dans les cités les plus populeuses et les plus riches de l’Europe. Les théâtres sont fournis de bons artistes et pleins de monde ; les courses de chevaux suivies avec le