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rans de l’atmosphère. À côté du domaine forestier, se place l’étroit domaine californien ; assis le long du Pacifique, il rappelle celui de la Méditerranée, avec des conditions plus égales. L’abondance des conifères, la puissance des séquoïas, la fréquence des arbres verts, chênes et lauriers, caractérisent ce domaine, où nos figuiers, notre vigne, nos céréales se sont acclimatés si facilement et ont pris une si rapide extension. Le domaine des prairies, compris entre le précédent et le Mississipi, reproduit le facies des steppes par la rareté des précipitations aqueuses, combinée avec l’absence des formes arborescentes.

Le plateau mexicain vient ensuite : ici, l’altitude, atténuant les effets de la latitude, entraîne la présence d’une végétation spéciale, dont les traits semblent empruntés en grande partie aux vallées sous-himalayennes. La famille des chênes y présente les formes les plus riches et les plus variées. Les pins et les sapins peuplent les croupes montagneuses et descendent plus ou moins, tandis que les palmiers, les cycadées, les cactées, lauriers, broméliacées, les fougères en arbres, remontent des régions basses et chaudes et se mêlent plus ou moins aux formes caractéristiques des pays tempérés. Le domaine « des Indes occidentales » comprend les Antilles et rachète par son opulence sa faible étendue. Dans l’Amérique méridionale, plus divisée au point de vue de la distribution des végétaux que l’Asie ou l’Afrique, Grisebach distingue un domaine « ciséquatorial » (Orénoque, Santa-Fé), celui de l’Hylaca, qui répond au bassin de l’Amazone, le domaine « brésilien » et, sur le versant opposé du Pacifique, celui des Andes ; plus au sud, le domaine des pampas reporte l’esprit vers le Kalahari et les déserts de l’Australie intérieure ; enfin le domaine forestier « antarctique » trahit des analogies avec la Nouvelle-Zélande et l’Australie du Sud.

Au total, à partir du domaine arctique et de l’extrême nord, Grisebach énumère dix domaines pour l’ancien continent, dont un commun à l’Europe et à l’Asie, le domaine forestier, et cinq en partant de l’Europe méridionale jusques et y compris le Cap africain, tandis que l’Asie en présente quatre des rives de l’Amour à la pointe de la Tasmanie. Restent en dehors les îles de l’océan, classées et examinées à part par Grisebach ; certaines, comme Madagascar, paraissent constituer un domaine distinct. En Amérique, les domaines échelonnés depuis le domaine arctique sont au nombre de onze ; ils se succèdent de l’embouchure du Mackensie et de la baie d’Hudson jusqu’au cap Horn.

En soumettant les domaines végétaux à une vue d’ensemble, on reconnaît que leur raison d’être doit être cherchée dans la configuration et le relief des masses continentales, combinés avec les lois