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nale, des versans et des pâtés montagneux tournés au nord, par rapport à ceux qui sont situés à l’aspect du midi. Ce sont de plus les saisons marquées par une alternance régulière de chaleur et de froid relatifs, d’un ciel serein et d’un ciel couvert, de déversemens de pluies confinés dans certains mois de l’année exclusivement aux autres. Ce sont, en un mot, des différences dans l’état de l’atmosphère, non plus indéfiniment nébuleuse ni encombrée de nimbus, mais dépouillée en partie de nuages, devenue accessible à la lumière, variant d’aspect selon les saisons et demeurant pure au moins pendant une partie de l’année. Ce sont enfin des diversités de sol et de relief, de propriétés physiques du terrain, et par suite de stations, c’est-à-dire des façons d’exister à l’ombre ou au soleil, près ou loin des eaux, en plaine ou sur les montagnes, dans le sable, le grès ou l’argile, divergences de plus en plus accentuées, offrant aux plantes des conditions variées qu’elles ne pouvaient rencontrer auparavant sur une écorce terrestre faiblement ondulée et facilement envahie par les eaux.

De la réunion ou du conflit, enfin du développement successif des circonstances qui viennent d’être énumérées est issue la végétation qui a couvert le globe aux divers momens de son existence, à partir des temps secondaires jusqu’à l’ère qui marque la diffusion de l’homme. Celui-ci, de son côté, une fois conscient de sa force, a influé sur la végétation, mais le plus souvent pour l’appauvrir et la dévaster, soit en livrant le sol aux seules plantes alimentaires, soit en détruisant les forêts, sans profit pour personne.


III.


Les causes de changement une fois définies, il faut rechercher l’action propre de ces phénomènes et dans quelle mesure les conditions de milieu influèrent sur le règne végétal pour le modifier et le transformer. Si ces causes eussent agi brusquement, c’est-à-dire si l’uniformité primordiale eût cédé la place, sans transition, aux diversités de climat, de zone, de sol et d’exposition que nous avons sous les yeux, l’ébranlement aurait été si général et si profond que la végétation terrestre, abattue d’un coup, aurait à peine eu la force de survivre par quelques-uns de ses types les plus souples et les moins élevés. Mais les choses furent loin de se passer ainsi ; ce fut par nuances graduelles que le climat originaire s’altéra, que les zones et les latitudes se prononcèrent, que le sol accentua ses dépressions et ses escarpemens ; que les continens, d’abord distribués en archipel, arrêtèrent leur contour. La flore houillère, expression suprême de cette uniformité des anciens âges, déclina