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de la zone tempérée actuelle, et, de là, jusque dans l’extrême Nord, ressortent du mode de distribution des bassins houillers et de toutes les explorations poursuivies jusqu’à ce jour. Dernièrement encore, M. l’ingénieur des mines Zeiller, ayant eu l’occasion d’examiner la flore des gîtes carbonifères de Téte, dans la région du Zambèze (Afrique tropicale), faisait ressortir la concordance parfaite de cette flore et de celle des environs du Cap, rapportée par Grisebach à l’étage houiller avec la végétation qui couvrait à la même époque l’hémisphère boréal tout entier : « Cette existence des mêmes espèces à toutes les latitudes, ajoute M. Zeiller, aussi bien dans les régions arctiques et tempérées de l’hémisphère boréal que dans les parties de l’hémisphère austral voisines de l’équateur, comme la région du Zambèze, exige que le climat ait été absolument le même partout. Le climat étant uniforme, les variations de la flore ont eu lieu partout à la même époque, ou du moins à des époques trop peu différentes pour que nous puissions les distinguer, les espèces qui se développaient sur un point pour s’y substituer à d’autres plus anciennes rencontrant partout les mêmes conditions et devant se propager très rapidement. »

Ce point de vue découvre à nos yeux les longues perspectives d’un passé pendant lequel les types végétaux ne cessèrent de se dédoubler et de se perfectionner avant d’atteindre partiellement le degré de complexité organique qui caractérise la grande majorité d’entre eux. En un mot, dans ces temps reculés et sous l’influence d’un climat des plus uniformes, des plus nettement déterminés, les types qui prirent l’essor, ceux qui comprenaient la presque totalité des espèces d’alors, étaient relativement inférieurs à ceux qui leur succédèrent. Ceux-ci, de leur côté, étaient encore trop rapprochés de leur berceau, leur élaboration était trop éloignée de son terme final pour qu’ils eussent à jouer un rôle ou à occuper une place tant soit peu considérable au milieu d’un ensemble précocement et adroitement adapté à des conditions d’existence toutes spéciales. L’extension même de cet ensemble, sa rapide éclosion et sa hâtive exubérance avaient été favorisées en raison directe de la faible capacité de résistance qu’il était en mesure d’opposer à la prédominance future de conditions inverses. Les formes spécifiques que nous possédons maintenant représentent ainsi non-seulement les fractions remaniées du règne végétal échappées aux éliminations répétées dont il a été le théâtre, mais surtout les résultats derniers de toutes les modifications éprouvées par lui à partir de l’âge des houilles. Ces modifications plus ou moins prononcées, plus ou moins stables et fécondes en variations ultérieures, selon les types et les organes affectés, ont constamment donné lieu à des espèces dès