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connaissance de la matière. En même temps, à l’étranger, on mettait à contribution nos agens diplomatiques ; on s’informait de l’organisation, du régime, des méthodes et des programmes existans, soit en s’adressant par correspondance aux établissemens eux-mêmes, soit en les envoyant étudier sur place. Le résultat de cette longue et minutieuse enquête fut la publication en 1868 de la Statistique de l’enseignement supérieur, et bientôt après, ou vers la même époque, l’adoption d’un certain nombre de mesures, qui, sans rien bouleverser ; constituaient pourtant une organisation nouvelle et de sérieux progrès. Ces mesures étaient de deux sortes : celles-ci d’ordre purement matériel et financier ; celles-là d’ordre administratif et pédagogique.

Matériellement notre enseignement supérieur avait de grands besoins. « Paris, disait un rapport adressé par le ministre d’alors à l’empereur, renferme de magnifiques établissemens auxquels se rattachent les noms de François Ier, de Richelieu et de Louis XIV… Mais ces établissemens, construits à un autre âge, ne répondent plus à tous les besoins nouveaux ; nos maîtres trop souvent dépourvus des instrumens et des appareils qui sont devenus de si puissans moyens de découvertes et d’enseignemens, se regardent comme désarmés en face de leurs rivaux… La Sorbonne, le Muséum, l’École de médecine, réclament des agrandissemens depuis longtemps attendus. » Bref, il convenait d’entreprendre au plus tôt ces constructions « dont la dépense, répartie sur plusieurs exercices, ne serait qu’une charge momentanée pour le budget extraordinaire. » Il n’importait pas moins de multiplier en province, aussi bien qu’à Paris, le nombre de ces « arsenaux de la science qu’on appelle des laboratoires. » A cet égard, le rapport précité concluait sans trop insister à l’augmentation des faibles crédits déjà votés pour cet objet par le corps législatif. Conclusion un peu timide à la vérité, mais il ne faut pas oublier ce qu’étaient alors les ministres des finances et les commissions du budget, au prix de quels efforts et de quelles luttes on parvenait à leur arracher quelques centaines de mille francs pour les services les plus urgens.

Les mesures d’ordre administratif et pédagogique n’étaient pas, à beaucoup près, aussi faciles à déterminer que les précédentes. L’argent n’y suffisait plus, et ce n’est pas à coups de millions qu’on pouvait espérer d’en assurer le succès. Il y fallait quelque autre chose encore : trouver le moyen d’assurer à nos facultés des lettres et des sciences des auditeurs réguliers sans en éloigner les autres ; leur créer une clientèle d’élèves sans pervertir et dénaturer le caractère de leur enseignement ; concilier dans une juste mesure les besoins particuliers de cette clientèle avec les exigences légitimes du grand