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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La hausse des fonds publics, qui avait été continue, mais lente en janvier, a pris tout à coup une allure précipitée dans les premiers jours de ce mois.

Le 4 1/2 détachait un coupon le 2 février, la liquidation s’est faite sur ce fonds à 109.10. Le 3 pour 100 a été compensé à 80.35, et l’amortissable à 82.05. Ces cours constituaient déjà une avance de 0 fr. 30 à 0 fr. 40 sur ceux de la réponse des primes ; ils ont été immédiatement et brusquement dépassés. Les livraisons de 3 pour 100 dont on avait parlé en janvier faisant défaut, la spéculation s’est portée avec audace de ce côté ; la rente perpétuelle s’est élevée à 81 francs et l’amortissable à 82.75, tandis que le 4 1/2, plus calme, mais, également soutenu par les demandes de l’épargne et des spéculateurs, s’avançait à 109.50.

Cet élan du marché a été arrêté soudainement par la nouvelle de la chute de Khartoum. Cet événement était grave. L’était-il assez pour déterminer une rupture d’équilibre et fournir aux baissiers l’occasion d’une revanche ? Si ceux-ci ont pu un moment se bercer de cette illusion, ils ont été promptement rappelés à la réalité. La hausse a été arrêtée pendant trois ou quatre jous, les haussiers attendant l’effet que produirait ce coup inattendu sur le Stock-Exchange ; mais les positions étaient énergiquement défendues et, après ce temps d’arrêt, commandé par les circonstances, le mouvement a été repris jeudi avec une remarquable vivacité. On a coté 81.40 sur le 3 pour 100,83 francs sur l’Amortissable et 109.75 sur le 4 1/2. Le bruit de l’occupation d’Hérat par les Russes et une baisse subite des Consolidés et de l’Unifiée ont pourtant provoqué, pendant la seconde moitié de la Bourse de vendredi, une réaction assez vive sur les plus hauts cours.

Il ne suffit pas de consulter la cote des rentes françaises pour juger de la force du courant qui pousse les capitaux vers les bonnes valeurs à revenu fixe. L’examen des prix des obligations est un commentaire nécessaire de la comparaison des prix du 4 1/2 pour 100 ou du 3 pour 100 à quinze jours d’intervalle. Nous faisions remarquer ici, à la fin de janvier, combien avait été vive la hausse des obligations de toute nature