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REVUE LITTERAIRE

I. Frédéric II et Marie-Thérèse. — II. Frédéric II et Louis XV, par M. le duc de Broglie, de l’Académie française, 4 vol. in-8o ; Calmann Lévy.

Depuis le temps déjà lointain où Guizot écrivait sa Révolution d’Angleterre, et Mignet ses Négociations relatives à la succession d’Espagne, — qui sont, à notre avis, les deux plus beaux livres d’histoire que l’on ait composés en français dans ce siècle, — je doute s’il a rien paru qui puisse rivaliser avec les dernières publications de M. le duc de Broglie. Je dis les dernières, et je ne parle pas du Secret du roi, mais de Frédéric II et Marie-Thérèse et de Frédéric II et Louis XV. En effet, pour le Secret du roi, quelques grandes qualités que l’on y doive reconnaître, l’intrigue de Pologne y tient décidément trop de place, à moins peut-être que l’exposition n’en manque d’un dernier degré de clarté ; mais le style surtout n’y a pas encore cette variété de ton, cette aisance tout à fait supérieure, et cette ampleur enfin qui caractérisent Frédéric II et Marie Thérèse, ainsi que Frédéric II et Louis XV. Quand ces quatre volumes n’auraient pas presque entièrement renouvelé certaines parties de cette histoire générale du XVIIIe siècle, si souvent reprise, et toujours si obstinément faussée par l’esprit de mensonge ou de haine, le mérite lui seul de l’exécution suffirait à les classer d’abord au premier rang.

Faute ici de pouvoir ou d’oser reprendre, pour les défigurer en les analysant, des récits qui sont encore présens à la mémoire des lecteurs de cette Revue, c’est principalement sur ce mérite de l’exécution que je voudrais insister. Il n’y va de rien moins, en effet, dans