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périmètre de plus de quatre lieues, enserrant dans leur enceinte les sept collines où s’étendaient les treize quartiers de la ville. Chacune des poternes était flanquée de colonnes ; les grandes portes avaient les proportions et la magnificence d’un arc de triomphe. Sur l’autre rive de la Corne d’or, on apercevait le quatorzième quartier de Constantinople : les Syques (ou Figuiers), aujourd’hui Galata. Une voie triomphale et quatre cents rues s’ouvraient dans la ville, où s’élevaient la grande basilique érigée par Constantin à la Sainte-Sagesse Ἅγια Σοφία (Hagia Sophia), d’où l’on a fait Sainte-Sophie) et reconstruite après un incendie par Théodose II, les palais impériaux, les églises de Sainte-Irène, de Jean Stoudiès, de Saint-Stéphane, de Sainte-Aquiline, et vingt autres encore, le grand Hippodrome, plusieurs amphithéâtres, cinquante portiques, huit grands thermes publics, cent cinquante bains particuliers, des fontaines monumentales, cinq greniers publics, un arsenal, de nombreux édifices pour le sénat, les cours de justice, le trésor et les principales écoles, la Bibliothèque contenant 120,000 manuscrits, enfin vingt palais et quatre mille cinq cents maisons dignes de remarque. Huit aqueducs et plusieurs sources, dont la citerne de Polyxène, d’une contenance de 325,000 mètres cubes, donnaient l’eau à profusion, et de vastes, égouts souterrains, arrosés par le gros ruisseau du Lycus, desservaient toute la ville et allaient se décharger dans la mer.

L’Augustéon et le forum de Constantin étaient les deux principales places de Constantinople. Entouré de portiques à deux rangées de colonnes, l’Augustéon affectait la forme d’un rectangle ; le milliaire d’or, grande arcade décorée de statues où aboutissaient toutes les routes de l’empire, en occupait le centre. Un double hémicycle de portiques de marbre formait le forum de Constantin. Au milieu jaillissait une fontaine surmontée d’un groupe de bronze de proportion colossale, représentant Daniel et les Lions. Près de la fontaine, s’élevait une colonne de porphyre de 90 pieds de haut, non compris la base ni le chapiteau, où reposait une belle statue antique d’Apollon, qu’on avait baptisée du nom de Constantin.

Comme le Palatin des Césars, le Vatican des papes, le sérail des sultans, le Kremlin des tsars et la Ville-Rouge des empereurs de la Chine, le palais impérial comprenait dans sa vaste enceinte fortifiée, qui avait près de 3,000 mètres de tour, une multitude d’édifices : palais, églises, chapelles, bains, stades, portiques, galeries, casernes pour les gardes, demeures princières pour les grands officiers de la couronne. Des cours dallées de marbre, des parterres de fleurs, des bois de citronniers, des terrasses surplombant la mer, de magnifiques bassins, des cours d’eau artificiels, de larges escaliers découverts séparaient ou reliaient les diverses parties du