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de ces petits cultivateurs, non seulement dans le Nord-Est, où la folie d’acheter de la terre à crédit existe depuis longtemps, mais de tous côtés. Quand l’ouvrier avait économisé sur ses salaires, quand le métayer avait fait quelques bonnes années, ils ne pouvaient pas résister à la tentation d’acheter un champ, même s’ils n’avaient pas encore de quoi le payer immédiatement. Ils croyaient que les vaches grasses seraient toujours là et leur permettraient de solder bientôt leur achat ; mais les vaches maigres sont venues, et elles ne laissent plus de quoi payer les termes. La gêne actuelle est en partie la suite même de la prospérité passée ; mais elle n’en est pas moins réelle.


III

Saisons trop humides, concurrence de l’Amérique, salaires trop élevés, taxes trop lourdes, telles sont, d’après les conclusions de l’enquête faite en Angleterre, les causes principales de la dépression agricole ; et voici les remèdes qui sont proposés et dont quelques-uns sont déjà adoptés. Le privilège du propriétaire a été réduit, afin d’augmenter le crédit des fermiers, qui sont, du reste, assimilés par la loi aux industriels et aux commerçans et peuvent faire, dans les mêmes conditions qu’eux, des emprunts aux nombreuses banques réparties sur tout le territoire de l’Angleterre et de l’Ecosse, banques dans lesquelles le gouvernement n’intervient en aucune façon, et qui sont administrées en toute liberté par l’initiative privée.

Afin que le fermier ait toute sécurité, lorsqu’il emploie son capital en améliorations, le parlement a voté, en 1883, une loi (agricultural holdings act) qui oblige le propriétaire à lui rembourser à la fin du bail toutes les améliorations non épuisées. Ces améliorations forment, d’après cette loi, trois classes :

Pour la première, le fermier est tenu de demander le consentement du propriétaire ; elle comprend : la construction des bâtimens, l’établissement des herbages, des prés irrigués, des vergers, houblonnières et jardins, le défrichement de terrains vagues, les colmatages, etc. Pour la deuxième (drainages), le consentement du propriétaire n’est pas indispensable, mais le fermier doit le prévenir de son intention de les faire. Enfin, pour la troisième, le fermier n’a ni à obtenir l’assentiment de son propriétaire, ni même à l’avertir de son intention de les exécuter, ce sont les améliorations temporaires : marnages et chaulages, emploi des phosphates et de toutes espèces d’engrais achetés au dehors, enfin consommation par tous les animaux de la ferme de toutes espèces de fourrages achetés au dehors. Le fermier fait au propriétaire sa demande