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100,000, hectares de prairies, arrosées au moyen de la captation des sources, de l’emploi des petits ruisseaux et de leur emmagasinement dans les pêcheries ; » et l’auteur donne des monographies détaillées d’un certain nombre de propriétés dont les revenus ont été doublés en dix ou douze ans ; d’autres ont triplé en vingt ans.

Le reste du plateau central, tout le Limousin et toute l’Auvergne, suivent l’exemple de la Haute-Vienne et, autour de leurs vallées mieux arrosées, autour de leurs champs mieux cultivés, on commence à reboiser les hauteurs improductives. La valeur des bois a augmenté, et c’est le meilleur stimulant pour regarnir peu à peu ces montagnes que l’on avait surnommées : la tête chauve de la France.

Dans le Midi, le département des Landes a gagné plus de 100 pour 100. Il avait même atteint un taux plus élevé pendant la guerre de la sécession américaine, quand les résines se vendaient très cher. Peu à peu, on renonce au gemmage des pins, mais les bois, injectés de sulfate de cuivre, sont très estimés, pour faire, des traverses de chemins de fer, des poteaux pour les mines ou pour les télégraphes. On en expédie de grandes quantités en Angleterre.

Dans les départemens dont les vignobles n’avaient pas encore été atteints par le phylloxéra en 1879, la valeur des terres avait profité à la fois de cette indemnité et de la hausse du prix des vins. Elle s’était accrue dans ceux du Lot et de Lot-et-Garonne de 40 à 50 pour 100, dans le Gers de 40 pour 100, dans la Haute-Garonne de 61 pour 100, dans l’Aude de 142 pour 100. La Gironde se défend encore contre l’invasion. L’évaluation faite en 1879 y constatait un accroissement de 53 pour 100 comparativement à 1851. Mais autour d’eux, d’un côté, dans les Charentes, de l’autre, dans l’Hérault, le Gard, l’Ardèche et la Drôme, les vignobles qui avaient donné de si riches produits pendant quinze à vingt ans étaient détruits par le phylloxéra, et ces nouvelles pertes venaient s’ajouter à celles qu’avait déjà causées la maladie des vers à soie. La population a diminué avec le produit et la valeur des terres.

Le département de Vaucluse est celui qui a perdu le plus d’habitans, mais la valeur moyenne des terres y est restée à peu près égale à celle du 1851, parce que c’est le seul département qui a des prairies irriguées, et leur rendement a compensé les pertes faites sur les vignes, les mûriers et la garance. Il est bien prouvé aujourd’hui que, non-seulement on peut au moyen de submersions hivernales protéger les vignes contre le phylloxéra, mais que des irrigations fréquentes en été leur donnent assez de vigueur pour résister aux attaques du redoutable puceron. De plus, l’eau seule permettrait de remplacer les vignes détruites par d’autres cultures. Et, cependant, on laisse tous ces départemens s’appauvrir et se