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LA
CRISE AGRICOLE
EN FRANCE ET EN ANGLETERRE

L’agriculture souffre. Que pourrait-on, que devrait-on faire pour la relever ?

Les uns demandent tout au gouvernement. Ainsi un certain nombre de comices agricoles et de conseils généraux ont exprimé le vœu que toutes les matières non comprises dans les traités de commerce soient frappées de droits d’entrée assez élevés pour que l’agriculture puisse se relever de ses désastres. Les droits d’entrée les plus élevés possible auraient-ils le pouvoir magique de guérir instantanément tous les maux qui affligent nos agriculteurs et nos propriétaires ? La concurrence étrangère est-elle la seule cause de ces maux ? D’autres prétendent, au contraire, que le gouvernement n’a rien à faire pour guérir les souffrances de l’agriculture ; ils doutent même que ces souffrances existent réellement et ils affirment que tout est pour le mieux dans les traités de commerce. Les uns se placent exclusivement au point de vue du producteur de blé et du propriétaire de la terre qui le produit ; les autres subordonnent tous les intérêts à ceux des consommateurs. Les uns représentent les membres, les autres l’estomac. Lesquels ont raison ? Ou faudrait-il peut-être leur rappeler à tous deux la vieille fable d’Ésope ?

Essayons de découvrir de quel côté se trouve la vérité, ou du moins quelle part de vérité se trouve de chaque côté. Pour cela,