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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La hausse continue des rentes françaises, des obligations de nos grandes compagnies de chemins de fer et de la plupart des fonds étrangers qui se négocient couramment sur notre marché, a été le trait caractéristique de l’année 1882. C’est en quelque sorte le premier pas fait dans le sens d’une réparation des désastres causés par le krach de 1882, et, si l’on en peut juger ainsi, c’est que, dans les dernières semaines de l’année qui vient de finir, on a vu le mouvement de reprise commencer à s’étendre dans une mesure encore bien modeste, il est vrai, à un certain nombre de valeurs.

L’épargne, assagie par une brutale expérience, n’a voulu pendant longtemps entendre parler d’aucun placement présentant le moindre caractère aléatoire. Elle est revenue tout d’abord à l’obligation de chemin de fer, cette valeur si populaire à cause de la fixité de son revenu, de la double garantie sur laquelle repose son inébranlable solidité et de la prime de remboursement, qu’un hasard heureux des tirages peut transformer, pour le porteur du titre, en un bénéfice immédiat. Les obligations des six grandes compagnies, malgré des émissions considérables dans le cours de l’exercice, ont monté uniformément de 20 à 25 francs, tandis que les trois rentes se trouvent portées au 1er janvier 1885, à des prix de 3 ou 4 francs plus élevés que ceux de l’année précédente. La hausse de l’Italien a été plus forte encore, ainsi que celle du 4 pour 100 or hongrois et des diverses catégories de rentes russes, 7 à 8 francs environ. Le 4 pour 100 or d’Autriche a fait en outre quelques progrès, de même que l’Extérieure. Un fonds d’état de création récente, la rente serbe, a pris tout de suite, sous les auspices du Comptoir d’escompte et de plusieurs établissemens de crédit d’Allemagne et d’Autriche, un rang distingué parmi les autres fonds européens.

Les raisons qui ont déterminé il y a six mois une spéculation puissante à entreprendre le relèvement des cours des rentes françaises ne semblent point avoir encore épuisé leur force au début de l’année 1885. Le découvert est sans doute amoindri, mais il y a encore du découvert à poursuivre ; les taux de report se sont un peu tendus, ils restent encore de beaucoup au-dessous du niveau normal ; l’argent est