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Nouvelle-Guinée, territoires d’une étendue de 200,000 à 300,000 kilomètres carrés, soit la moitié de la superficie de la France. Les Australiens, qui ont imaginé à leur usage une sorte de doctrine de Monroe, calquée sur le patron américain, prétendent bien à la suprématie dans la Mer da Sud. Ils ont émis l’opinion qu’ils ne souffriraient plus de nouvelles extensions européennes dans ce domaine à eux. Vaines rodomontades, auxquelles le chancelier allemand ne fera aucune attention.

Angra Pequeña, la première, en date des colonies allemandes, n’a en elle-même pas grande importance. C’est une petite baie, sur la côte de l’Afrique australe, entourée de terres arides, où l’eau doit être amenée en tonneaux de la colonie anglaise du Cap. Le voisinage de la colonie du Cap, de l’état libre du fleuve Orange et de la république des Boers du Transvaal attache à cette position plus de valeur pour l’avenir, surtout depuis que de nouvelles annexions ont assuré à l’Allemagne la souveraineté de tout le littoral entre l’embouchure du fleuve et le cap Frio, à l’exception du petit settlement anglais de Walfish bay, devenu une simple enclave des possessions germaniques. Sur la côte orientale, au pays des Zoulous, le fondateur de la station d’Angra Pequeña, M. Luderitz, vient encore d’acquérir au bord de la baie de Sainte-Lucie, moyennant une boite à musique, un habit brodé et un peu d’eau-de-vie, une langue de terre où le gouverneur de Natal déploya le pavillon britannique. En même temps, les Boers et les républicains ! du fleuve Orange ont entamé des négociations pour fermer, avec l’appui du prince de Bismarck, une union des états libres du sud de l’Afrique, qui compte ensemble, dès maintenant, plus d’un million d’habitans. Naturellement, ces manifestations et les positions prises par les Allemands préoccupent l’Angleterre. Quoi qu’il en soit, les droits de l’Allemagne, dans ces régions, valent ceux de mainte autre puissance maritime qui a pris les devans pour des établissemens plus avantageux. Le commerce allemand, la marine marchande de l’Allemagne, ont besoin de protection. De là, nécessité de stations de ravitaillement tout au moins pour les vaisseaux de guerre qui portent le pavillon protecteur dans les diverses mers du globe, en attendant l’acquisition de colonies plus étendues réclamée par l’opinion, publique. En revanche, si la préoccupation de fournir des débouchés essentiellement nationaux au grand courant de l’émigration allemande a été pour beaucoup dans le mouvement d’opinion qui rend populaire l’adoption d’une politique coloniale, il s’en mut que les acquisitions territoriales faites jusqu’à présent au nom de l’empire répondent à cette préoccupation. La côte sud-ouest de l’Afrique est un des pays les plus déshérités de la terre. La pluie et