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Un mètre cube d’air ordinaire pèse environ 1,300 grammes. Mais il n’est jamais sec et contient toujours de la vapeur d’eau, qui est un gaz incolore comme l’air et presque transparent. S’il en contient 1,300 milligrammes, on dira que sa richesse hygrométrique est un millième. En général, la richesse est le rapport du poids de vapeur à celui de l’air qui la contient.

Ce rapport est toujours très petit et ne dépasse pas 8 ou 9 millièmes, et il est variable. S’il y a très peu de vapeur, l’air est sec ; à mesure qu’elle augmente, il devient de plus en plus humide ; mais elle ne peut dépasser une limite, un maximum, sans se condenser ; quand elle l’atteint, on dit que l’air est saturé. Pour atteindre cette saturation, il faut d’autant plus de vapeur que la température est plus haute : si l’air est saturé à 10 degrés, il cesse de l’être à 20 degrés ; mais il revient à la saturation quand on le ramène à 10 degrés ; il la dépasse à 5 degrés, et on voit se produire alors un changement important : cette vapeur, qui ne peut être contenue tout entière dans un espace trop petit, se condense en partie, donne naissance à des brouillards, aux nuages, à la pluie, à tous les météores aqueux. Dans toutes ses ascensions, M. Glaisher a mesuré les conditions hygrométriques par les instrumens connus et en a publié les résultats, qui nous conduisent aux remarques suivantes :

On reconnaît tout d’abord que la richesse hygrométrique de l’air est la plus grande possible au niveau du sol ; elle était, en moyenne, égale à 8 millièmes dans toutes les ascensions exécutées aux diverses saisons de l’année, puis elle baissait rapidement à mesure qu’on montait, et, à partir de 2,000 mètres, elle restait à peu près constante ou ne diminuait que fort peu jusqu’à 7,000 mètres, ce qui est la limite possible des attitudes observées.

Le 26 juin 1863, M. Glaisher s’éleva à Wolverton ; le temps, très beau le matin, s’était progressivement gâté, et vers midi une véritable tempête s’était accusée. L’ascension, retardée et rendue périlleuse par la violence du vent, commença à une heure, et le ballon rencontra des couches successives de brouillards et de pluie depuis le sol jusqu’à l’attitude de 7,140 mètres. La richesse hygrométrique était considérable et diminuait progressivement, mais lentement. À la limite de l’ascension, elle était encore très notable et se continuait très probablement au-delà. Le décroissement de la température était lent et se limitait à 8 degrés au-dessous de zéro. On avait donc rencontré des couches chaudes et humides ; on s’était trouvé dans le courant austral.

Mais, le 8 avril de la même année, M. Glaisher rencontra des circonstances entièrement opposées ; après avoir percé une couche peu épaisse de nuages, il avait nagé dans le ciel bleu. La température