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la commission du budget et le gouvernement sont parvenus à aligner environ 60 millions d’économies à effectuer dans les dépendes des ministères ; mais il est fort à craindre que ces dépenses, supprimées du budget, ne réapparaissent sous la forme de crédits supplémentaires,

Les partisans de la hausse continue sur nos rentes ont rencontré encore depuis quinze jours un autre obstacle assez sérieux sur leur route, le renchérissement de l’argent. Le taux de l’escompte a été porté d’abord de 2 pour 100 à 3 pour 100, puis hier de 3 pour 100 à 4 pour 100 à la Banque d’Angleterre. Le fait n’a rien d’inquiétant ni d’extraordinaire ; il se produit tous les ans à la même époque et provient des besoins habituels d’automne. Il suffit, pour se convaincre de la bonne situation du marché monétaire, malgré cette élévation passagère, de constater dans les bilans de la Banque de France l’immobilité à peu près absolue des chapitres de l’encaisse métallique et de la circulation. Le taux de l’escompte à 4 pour 100, toutefois, c’est pour la spéculation la nécessité de payer sensiblement plus cher le concours que lui donnent les capitaux. On sait que des masses de rentes sont en report à Londres depuis le commencement de la campagne de hausse. On a craint un moment que le resserrement de l’argent ne marquât la fin de cette habile opération de reports qui a fait sur notre place un si grand vide de titres.

Il ne paraît pas que cette crainte soit fondée ; les acheteurs, en dépit des conditions dans lesquelles se poursuit l’entreprise du Tonkin, conservent leurs avantages sur les baissiers ; ils ont pour eux l’argent et le manque de titres, la faveur exclusive des capitaux pour les fonds publics, le détachement d’un coupon sur le 4 1/2 le 1er novembre, enfin les bruits de médiation qui ont circulé avec persistance depuis quelques jours. Aussi la hausse s’est-elle continuée lentement sans fluctuations violentes ; le 3 pour 100 reste au-dessus de 78 francs, le 4 1/2 au-dessus de 109 francs, l’amortissable au-dessus de 79.50.

L’engouement est général pour tous les fonds étrangers, bien qu’il n’y ait pas à constater une avance nouvelle sur chacun de ces fonds toutes les quinzaines. Quelques-uns comme le 4 pour 100 or d’Autriche, le 4 pour 100 hongrois et les diverses catégories de rentes russes, ont déjà fait de tels progrès qu’un temps d’arrêt ne saurait étonner. Les cours de l’Extérieure ont été très discutés par suite de rumeurs persistantes sur l’état de santé du roi Alphonse et sur l’imminence d’un mouvement révolutionnaire au-delà des Pyrénées. Les Consolidés anglais se sont maintenus largement au-dessus du pair, malgré l’échec complet du plan de conversion de M. Childers. En Italie, le gouvernement, la commission des chemins de fer et les compagnies se sont mis définitivement d’accord sur tous les points concernant les conventions, et l’on croit que celles-ci pourront être votées par