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parmi eux que les facteurs européens recrutent aujourd’hui leurs traitans elles hommes nécessaires à la manœuvre de leurs bateaux.

Poltrons, voleurs, menteurs, pillards, paresseux et dépravés, les Galloas, les Bakelés, les Inengas et les Akelés ne méritent guère qu’on s’y arrête. Tous les indigènes que je viens de nommer, les Aroungous surtout, présentent un des plus beaux types de la race noire ; leurs femmes sont fort jolies, jusqu’à l’âge de seize ans du moins.

Les Okotas et les Apinji forment une famille peu nombreuse destinée à disparaître prochainement. À tous les défauts de leurs congénères de la côte ils joignent un manque absolu d’intelligence. Physiquement, ils sont vigoureux, mais d’une laideur repoussante. Quelques tribus occupent encore l’Ogooué supérieur, entre autres celles des Okandés, des Adoumas, des Banghouins et des Aouangis. Les Banghouins et les Aouangis doivent être plutôt considérés comme des habitans de l’intérieur, car il leur faudra plusieurs années avant de réussir à s’établir définitivement sur le fleuve, en admettant que les Pahouins veuillent bien leur en laisser le temps. Les Okandés, grands et solides gaillards, braves, intelligens et laborieux, sont les meilleurs et les plus robustes pagayeurs de l’Ogooué ; malheureusement, enserrés par les Fans, ils tarderont d’autant moins à voir s’éteindre leur race qu’une de leurs lois interdit aux femmes d’avoir plus d’un enfant tous les trois ans.

Voici l’origine de cette incroyable législation : lorsque les Okandés, après une lutte sanglante où presque tous leurs guerriers trouvèrent la mort, eurent été chassés de leurs territoires primitifs, les derniers débris de cette race autrefois puissante vinrent s’établir dans le pays qu’ils occupent actuellement. Pendant un demi-siècle environ, les Okandés se multiplièrent d’une façon merveilleuse ; aussi, ne pouvant s’étendre davantage (car ils avaient pour voisines des populations puissantes et jalouses), se virent-ils un jour menacés de mourir de faim. C’est alors que les anciens de la tribu, se réunissant en conseil, créèrent la fameuse loi qui n’a été que trop respectée, car actuellement l’avortement est passé dans les mœurs de la nation, et dans les villages on ne voit plus que très peu d’enfans.

Les Okandés peuvent encore aujourd’hui mettre sur pied deux cent quarante guerriers ou pagayeurs. Les Adonmas, au contraire, très prolifiques et très laborieux, ne cessent d’agrandir leur territoire, qui est le mieux cultivé du bassin de l’Ogooué ; ils sont bons constructeurs de pirogues et fourniraient, en cas de besoin, mille ou douze cents excellens pagayeurs. On trouve chez eux, en