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une centaine de milliers, un demi-million de bêtes à cornes, plus de dix millions de moutons donnant de gros profits. Chaque année, on envoie par le monde une quantité de laine dont la valeur est comprise entre 60 et 80 millions de francs. Maintenant, l’heureuse colonie prétend contribuer dans l’avenir à l’approvisionnement de la mère patrie. Des navires effectuent la traversée de Canterbury à Londres en quarante jours ; le Tongariro, pourvu d’appareils réfrigérans n’a pas jeté sur les rives de la Tamise moins de quatorze mille moutons admirablement conservés, aussi frais que le jour où ils furent tués à la Nouvelle-Zélande.

Le lin, ou le fil de phormium, conserve un emploi industriel, et les colons en expédient en Angleterre pour des sommes qui atteignent par an de 3 à 4 millions de francs. Des arbres du groupe des conifères, comme le pin kauri, fournissent une Quantité de gomme ou de résine qui est une source de revenu d’une réelle importance. Chaque année, on en livre à l’exportation pour plus de 2 millions de francs. Le commerce extérieur des grains, des bois, des graisses, s’exprime encore par des chiffres fort élevés.

En tout pays, l’abondance du combustible constitue une richesse inappréciable ; sous ce rapport, il y a peu de régions aussi favorisées que la Nouvelle-Zélande. Outre ses belles forêts, elle a de nombreux dépôts de charbon : houille et lignites (brown coal). La houille, ou charbon noir, est particulièrement répandue sur la côte ouest de l’île du Sud, où elle couvre de vastes surfaces. Plusieurs dépôts existent au voisinage de ports de mer, en particulier de Collingwood au fond de la baie du Massacre, et sur les rivières de Buller et de Grey. Les lignites sont disséminées en maints endroits de la contrée. Certaines lignites sont estimées presque à l’égal du charbon noir. Les plus remarquables dépôts se trouvent à Kawa-Kawa dans la baie des Iles, à Waïkato dans le sud de la province d’Auckland, dans les collines de Malvern près de Christchurch, dans la vallée de la Clutha, tout proche de la ville de Dunedin. Le pétrole existe sur divers points, par exemple à Taranaki, sur la côte ouest de l’île du Nord et dans les alentours de la baie de Pauvreté ; les colons affirment qu’il n’est nullement inférieur à celui du Canada et des États-Unis.

Les champs aurifères sont tellement étendus et si productifs qu’une part notable de la population y est engagée. L’or des alluvions, sables des rivières et dépôts de graviers, se montre sur d’immenses espaces de l’île du Sud, dans les provinces d’Otago, de Nelson et de Westland. L’or engagé dans le quartz se voit particulièrement dans la province d’Auckland, où il est exploité par des compagnies qui en ont tiré d’énormes revenus. Ajoutons que