Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 65.djvu/936

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Australie, avait repoussé toute idée de possession de la Nouvelle-Zélande, et la France inattentive ignora l’heure de l’entreprise.

L’essor pris par la colonie en un court espace de temps est des plus remarquables. En une quarantaine d’années, c’est-à-dire au commencement de 1881, s’il ne reste que 36,000 Maoris, — certaines statistiques accusent quelques mille de plus, — la population coloniale s’élève, d’après la statistique officielle, à 500,910 âmes : 274,986 du sexe masculin et 225,924 du sexe féminin. Il n’y en avait pas la moitié dix années auparavant. Le chiffre actuel représentant moins de deux habitans par kilomètre carré, on juge qu’il reste toute facilité d’accroissement pour la durée de plusieurs siècles. Il n’est pas sans intérêt de considérer les colons dans leur origine. On compte 223,404 individus nés dans le pays, 221,340 venus de la Grande-Bretagne, 4,819 de l’Allemagne, de la Chine 5,533. Sous le rapport des religions, il faut distinguer dans cette population 387,767 protestans, 68,984 catholiques, 1,536 Israélites et 4,936 païens et mahométans. Des villes ont pris une importance considérable ; en 1881, la ville située dans l’île du Sud, près des rives du fleuve Molyneux, Dunedin, avec ses faubourgs, avait 42,794 habitans ; au nord, Auckland, l’ancienne capitale, 30,952 ; Christchurch, à la péninsule de Banks, 30,713 ; Wellington, la capitale actuelle, qui, à l’extrémité de l’île du Nord, domine le détroit de Cook, 20,563 habitans. En 1880, il y eut à la Nouvelle-Zélande 3,181 mariages, 19,341 naissances, 5,487 décès. En 1881, 3,281 mariages, 18,782 naissances, 5,191 décès. Ce sont des chiffres qui promettent pour l’avenir. En 1880, il était arrivé à la Nouvelle-Zélande 15,154 personnes et il en était parti 7,923 ; en 1881, à l’arrivée, ils sont 9,681 et au départ 8,072.

Établir des communications entre les parties habitées des deux îles s’imposait comme une nécessité de premier ordre. Aussi, les colons s’occupèrent-ils tout de suite de la construction des chemins, et de nos jours, le pays, où la nature avait gardé son empire jusqu’à une époque presque récente, est traversé par un certain nombre de routes. Il y avait, en 1881, 2,075 kilomètres de chemins de fer en exploitation et 6,154 kilomètres de lignes télégraphiques. A la même date, le budget de la colonie offrait le plus enviable équilibre : les recettes étaient de 3,757,493 livres sterling (93 millions 937,225 francs) ; les dépenses de 3,675,797 livres sterling (91 millions 894,925 francs). En 1881, l’exportation représentait une valeur de 3,169,000 livres sterling, et celle des métaux précieux, 1,167,000 livres. On se rappelle avoir vu le révérend Samuel Marsden, au grand ébahissement des Maoris, monté sur le cheval qui le premier venait d’être introduit à la Nouvelle-Zélande ; aujourd’hui, on en trouve