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comme les créateurs de leurs différentes industries. On se complaît alors dans l’étude d’un peuple qui donne l’exemple d’un esprit inventif déjà remarquable, contenu néanmoins dans des limites assez restreintes. Souvent, à la vue de la perfection de l’œuvre et de la pauvreté des ressources, on admire. Tout change, et l’intérêt s’efface dès que les Néo-Zélandais sont mis en possession d’armes et d’outils de fabrication européenne ; ils n’ont plus l’obligation d’être ingénieux.

Les récits que nous avons tracés ont montré les peuplades néo-zélandaises dans leur vie pendant la guerre comme pendant la paix ; il est donc simple de rappeler maintenant quelles étaient dans l’ensemble les occupations des Maoris. Lorsqu’ils n’étaient point engagés dans les combats, ils se livraient à différens travaux. Hommes et femmes se partageaient les devoirs ; les premiers bâtissaient la maison et ses dépendances, fabriquaient les pirogues, sculptaient les ornemens dont on les parait, allaient à la chasse et à la pêche. Lorsqu’ils cultivaient la terre, chefs et esclaves travaillaient ensemble. Les femmes préparaient les alimens, filaient le lin et tissaient les étoffes. Dans les temps de Cook et de Marsden, tout Européen se sentait captivé par la vue du travail des Maoris. Chez ces gens habiles s’exécutent des ouvrages énormes ou délicats par les moyens les plus primitifs. Façonner des armes et des instrumens de travail, s’imposait comme le premier soin. À ce sujet, on ignore ce que les Maoris apportèrent de leur pays d’origine ; ne connaissant aucun métal, des pierres, des os, des coquilles, le bois, durent suffire à toutes les exigences. Parmi les engins du guerrier, une infinie variété de haches, de lances et de javelots, le casse-tête ou le patou-patou, lourde masse à bords tranchans, faite d’un os de baleine ou d’une pierre, était l’arme de prédilection. Quand le patou était de jade, la dure pierre verte qu’on trouve dans les lacs de l’île du Sud, il devenait un véritable objet de luxe. L’arc et la flèche étaient inconnus ; de même qu’avec la fronde, on lançait des pierres au moyen d’une corde attachée au bout d’un bâton. Cook, Crozet, Dumont d’Urville, d’autres encore, ont décrit l’attirail de guerre des Maoris, bientôt abandonné lorsque se répandirent les fusils. A la Nouvelle-Zélande, il en coûtait peu pour édifier sa demeure. On s’en souvient : tous les voyageurs d’autrefois ont parlé avec dédain des habitations néo-zélandaises. Nous en avons sous les yeux des images fidèles. D’ordinaire, on voit des huttes dont l’aspect rappelle celui d’une ruche, ce sont les plus petites ; d’autres, plus spacieuses, ont une forme oblongue, les charpentes peintes en blanc, en bleu ou en rouge. Quelques-unes, les plus vastes, pouvaient contenir jusqu’à cent personnes. Grandes et petites étaient basses, avec une porte si peu élevée qu’il fallait se