Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 65.djvu/817

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui s’adresse aux dépenses excessives de certaines constructions nouvelles d’écoles, on peut affirmer que la réforme des logemens scolaires s’imposait particulièrement en Bretagne. Nous voyons, p : <r exemple, que, dans ce même département de l’Ille-et-Vilaine, aux années qui viennent d’être citées, on trouvait à peine 171 écoles en bon état sur 776. Les lois de laïcisation ne pouvaient être généralement bien accueillies dans un pays si catholique. Ce n’est pas que l’élément laïque n’y fût fortement représenté. Nous trouvions dans l’Ille-et-Vilaine, en présence de 469 écoles congréganistes, 307 écoles laïques dont le nombre ne pouvait qu’aller croissant. Cet enseignement congréganiste n’est pas d’ailleurs aussi étranger qu’on le croit aux besoins même d’ordre matériel des populations rurales. Une part y est faite aux métiers, à l’agriculture. L’école des Lickès, à Quimper, comptait naguère encore 900 élèves et elle en compte aujourd’hui un chiffre approchant, et le département lui alloue une subvention. Elle se recrute en grande partie parmi les gens de la campagne, et l’agriculture y est enseignée de manière, dit-on, à amener de bons résultats. Elle l’est aussi dans l’école dirigée par les frères à Quimperlé.

Cet enseignement de l’agriculture fait partie intégrante, notamment dans un tel pays, de ces études pratiques qui doivent initier la classe rurale à l’intelligence et à l’exercice éclairé de son métier. C’est d’ailleurs une excellente école d’observation et de réflexion. Il repose sur un point d’appui solide, expérimental et ne permet pas dès lors à la pensée de s’égarer. Lire, écrire, compter, posséder des notions géographiques et historiques, c’est fort bien, mais les arts pratiques sont aussi, nous y insistons, comme une gymnastique du jugement. Ils lui apprennent à user de procédés sûrs et le mettent en défiance contre les chimères. Outre ses fruits spéciaux, un tel enseignement est par là salutaire et fécond. Il a encore bien des acquisitions à faire en Bretagne, mais déjà il y tient une place qui n’est pas sans quelque importance. Nous voulons parler des chaires de création nouvelle, des conférences assez fréquentes, et des établissemens spéciaux, comme la ferme-école des Trois-Croix. Elle fut fondée près de Rennes par un homme de bien qui a été aussi un des premiers grands constructeurs de machines agricoles pour toute la province, M. Bodin, et s’est transmise de père en fils. Nous avons pu visiter de même avec intérêt l’école officielle d’irrigation et de drainage de Lezardeau, près Quimperlé, pour borner là nos indications. Citons surtout la grande école de Grand-Jouan, fondée et dirigée depuis plus de cinquante ans par M. Jules Rieffel. Cette école a aujourd’hui un caractère national comme celles de Grignon et de Montpellier. Les élémens de l’agriculture figurent aussi dans l’école primaire avec une efficacité fort inégale selon les cas. On ne