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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre.

L’automne à peine commencé va bientôt toucher à son déclin, les derniers beaux jours vont passer sans qu’on puisse les retenir. Nous revenons à grands pas vers la saison morose des affaires, des parlemens, des embarras, des misères, et avant ce moment, maintenant prochain, ces dernières heures des vacances, pour ceux du moins qui se croient des personnages, sont encore aux voyages, aux diversions de province, au vagabondage des discours inutiles sur les chemins.

Dans quelques jours ce sera différent. Le parlement aura sa session extraordinaire, — ce sera, dit-on jusqu’ici, le 14 octobre, — et alors on ne pourra pas se contenter des déclamations vagues et des banalités de grands chemins en face des choses sérieuses et positives de la politique. On ne pourra pas éviter ces affaires de Chine qui semblent s’interrompre sans cesse, dont on n’aperçoit pas le dénoûment et pour lesquelles le gouvernement aura nécessairement à demander de nouveaux crédits. Il faudra bien aborder enfin le budget, ce mystérieux budget qu’on tient toujours si soigneusement en réserve pour la fin de l’année et qui ne peut être que le résumé d’une situation financière malheureusement compromise, il faudra bien aussi reprendre cette loi électorale du sénat qui est le complément nécessaire de la révision constitutionnelle, qui doit forcément être votée avant le renouvellement sénatorial du mois de janvier. Tout ceci est la partie positive et indispensable de la politique dans la session prochaine. Ce sera, si l’on veut, la grande pièce de la saison d’hiver. Aujourd’hui c’est encore la petite pièce d’automne représentée un peu à l’aventure par tout ce monde ambulant de ministres, de députés ou de sénateurs qui sont de toutes les cérémonies, — distributions de prix, inaugurations de statues, fêtes agricoles, — et qui se croient toujours tenus de parler, même quand ils n’ont rien de bon ni de nouveau à dire. Le