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REVUE LITTERAIRE

Les Voyageurs en France depuis la renaissance jusqu’à la révolution par M. Albert Babeau. Paris, 1884 ; Firmin-Didot.

Ce n’est pas la première fois que nous signalons aux lecteurs de la Revue les savans, consciencieux et instructifs ouvrages de M. Albert Babeau. Ne leur ménageons pas la louange tandis que nous le pouvons encore ; nous n’en serons que plus à l’aise quand il faudra changer de note. Fâché de l’ignorance, en effet très condamnable, où nous vivons en France de notre propre passé, mais encore plus fâché de le voir indignement travesti par des hommes qui se croient cependant politiques, M. Albert Babeau, depuis quelques années, s’est donc donné la tâche de nous le faire un peu mieux connaître et de mettre à même jusqu’à nos députés, — si toutefois ils le veulent, — d’en parler équitablement. Comme déjà la Vie rurale dans l’ancienne France, comme le Village, comme la Ville sous l’ancien régime, c’est de cette intention que procède, et c’est le but auquel tend le nouveau livre que voici : les Voyageurs en France depuis la renaissance jusqu’à la révolution.

Il s’en faut de beaucoup qu’il vaille les précédens, nous sommes d’abord obligé de le dire, et M. Babeau lui-même doit le savoir aussi bien, sinon mieux que nous. Pour étudier à fond la condition du paysan ou du bourgeois français sous l’ancien régime, indépendamment de ces documens d’archives, si précieux, mais qui manquent toujours un peu de couleur et de vie, M. Babeau n’avait pu se dispenser de recourir abondamment aux auteurs de Mémoires, de Correspondances, aux romanciers eux-mêmes quelquefois, et plus souvent encore aux voyageurs. Nous avons dit jadis l’heureux parti qu’il en avait tiré. Beaucoup de notes cependant, qu’il avait amassées au cours de ses