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centimes additionnels à trois des contributions directes et à la quatrième, dite « impôt des classes[1], » un nombre progressif de centimes qui va de 375 à 625.

La province de Westphalie nous fournira encore un exemple qui montrera que l’industrie, qui est si souvent une excellente voisine pour l’agriculture, peut parfois aussi être incommode. C’est l’un des représentans de cette province si riche en mines, usines, et manufactures de toutes sortes, M. le baron de Hœvel, qui donne au conseil supérieur les renseignemens que nous allons résumer[2]. La plupart des villages se composent de quelques paysans et de nombreux ouvriers des fabriques ou des mines. Une petite commune, par exemple, entretenait une école ; un instituteur suffisait et la dépense était supportable. On ouvre une mine dans le voisinage, les propriétaires de la mine achètent une ferme dans le village et y bâtissent des maisons pour une centaine d’ouvriers. Immédiatement la commune est tenue d’installer plusieurs instituteurs et de construire une école, la dépense étant répartie au marc le franc des impôts généraux. Or l’ouvrier paie tout au plus 3 marks de contributions directes, la charge retombe donc sur les propriétaires ruraux. L’orateur cite quelques résultats de cet état de choses. Un de ses voisins est coté à 42 marks d’impôt sur le revenu, il paie en contributions foncières et en impositions- communales 864 marks, soit plus de vingt fois sa cote d’impôt sur le revenu. Le même orateur cite quelques autres faits analogues, nous les passons, pour expliquer un détail qui aura frappé le lecteur : dans l’exemple précité, la contribution foncière due à l’état est jointe aux impositions communales et les deux sommes réunies sont opposées à l’impôt sur le revenu. C’est qu’au nom de l’agriculture on soutient quelquefois que la contribution foncière fait double emploi avec cet impôt. On pourrait en dire autant de la patente et de quelques autres taxes ; aussi les réclamans les plus modérés se bornent-ils à demander que la contribution foncière soit réservée en entier aux communes.

La hausse des salaires est une charge plus grande encore que la majoration de l’impôt. Sans doute, on voit avec satisfaction l’ouvrier des champs améliorer sa position ; il est fortement à désirer qu’Use plaise dans son village, et qu’il y soit assez heureux pour ne pas songer à rechercher les jouissances qu’il s’attend à trouver dans les villes. Mais il ne faudrait pas que la prospérité de l’ouvrier fût achetée aux dépens de celle du patron. Ces deux agens de la

  1. Ce sont les cotes inférieures de l’impôt sur le revenu.
  2. Verhandlungen de 1833, p, 682, 683.