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des trois empereurs n’est pas étrangère au développement de cette tendance si favorable pour l’amélioration constante du crédit des grands états européens. En Angleterre, les consolidés, bien que sous le coup de la conversion, se tiennent à un point et demi au-dessus du pair. Les fonds publics en Autriche-Hongrie, d’une fermeté inébranlable, ont encore à bénéficier de l’achèvement désormais très prochain des opérations relatives à la conversion de la rente or 6 pour 100 hongroise. Les diverses catégories de rentes 5 pour 100 russes se rapprochent peu à peu du pair, mouvement qui a reçu, ces derniers temps, une accélération notable par le fait du rétablissement de relations entièrement cordiales entre les gouvernemens de Saint-Pétersbourg et de Vienne. L’Italien a su conserver le cours de 96 francs, malgré les progrès de l’épidémie cholérique dans diverses provinces de la péninsule, et surtout à Naples.

Parmi les titres des institutions de crédit, il n’est guère que l’action du Crédit foncier qui donne lieu à des échanges réguliers et profite, dans une certaine mesure, de l’amélioration constante du marché des fonds publics. Il est vrai que notre grand établissement hypothécaire ne voit se produire aucun ralentissement dans le courant régulier de ses opérations. Aussi la question est-elle déjà posée d’un nouvel appel aux capitaux de placement pour la création des ressources correspondant à l’accroissement des prêts. Il faut donc s’attendre à voir une émission d’obligations du Crédit foncier suivre d’assez près l’opération annoncée pour le 25 de ce mois par la Compagnie du Canal de Panama.

La Banque de France se tient toujours au-dessus de 5,000 francs, la spéculation n’ayant aucune part dans les fluctuations quotidiennes des cours. Sur la Banque de Paris, le Comptoir d’escompte, le Crédit industriel, les transactions sont très étroitement limitées. La stagnation générale n’affecte que d’une manière indirecte ces établissemens, dont la solide prospérité peut attendre patiemment le moment, depuis si longtemps espéré, du réveil général des affaires. L’inaction prolongée pèse plus lourdement sur les cours des autres valeurs de crédit, les sources anciennes de bénéfices étant singulièrement taries, et le montant des dividendes, pour l’exercice 1884, devant vraisemblablement en porter le témoignage.

Les actions de nos grandes compagnies de chemins de fer sont complètement immobiles. L’épargne est de plus en plus disposée à les considérer comme des valeurs à revenu fixe. Aussi la persistance fâcheuse des diminutions de recettes ne fait-elle sortir aucun titre des portefeuilles, et la spéculation à la baissé renonce-t-elle à lutter contre la puissance d’un classement aussi parfait. Il n’est pas douteux que les seuls achats de l’épargne suffiront à faire progresser de nouveau ces