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les roches et les cristaux d’origine volcanique attestent que l’endroit a été le théâtre de violentes commotions. Bien rarement, on visita les Antipodes, jamais on n’y fit aucune recherche d’un caractère scientifique. Aussi avons-nous à regretter l’absence de notions un peu certaines touchant les plantes et les animaux qui vivent sur ces îles, intéressantes par leur position géographique. Certains faits signalés ont pourtant une valeur qu’il importe de ne pas négliger. Sur l’île de l’Antipode, où l’on voit de chétifs buissons, prospère le fameux phormium de la Nouvelle-Zélande et, paraît-il, d’autres plantes encore qui sont répandues dans la même région. A l’égard de la faune, les renseignemens font défaut ; il est simplement constaté qu’aux Antipodes vit l’élégante perruche de la Nouvelle-Zélande. A plus de cent milles au nord du petit archipel se montrent, sur l’Océan, les îles Bounty ; on les dépeint comme d’âpres rochers sans végétation, n’ayant d’autres maîtres que les manchots et les oiseaux des tempêtes[1].

A 450 milles environ à l’orient de la côte néo-zélandaise, sous le 42e degré de latitude, c’est-à-dire dans le même parallèle que la péninsule de Banks, se trouve le petit archipel des Chatham, composé de quelques îles : la principale, d’une longueur d’environ 70 milles, est accidentée, couverte d’herbes, bordée de dunes en plusieurs endroits ; elle se fait remarquer par ses marécages et ses nombreuses lagunes. Du haut des collines qui dominent le lac Whanga, le paysage est du plus agréable aspect : l’île Pitt, entourée de buissons, de même que la grande Chatham ; puis la Mangaie, toute petite, pierreuse, difficilement abordable et demeurée ainsi le tranquille séjour des oiseaux ; enfin l’île du Sud-Est, la plus haute du groupe.

Par sa constitution géologique, Chatham montre une extrême ressemblance avec la Nouvelle-Zélande. Toutefois, selon la remarque de M. Julius Haast, la direction de l’axe des volcans est différente. Les plus anciennes roches sont des basaltes et des dolérites ; au-dessus reposent des tufs analogues à ceux de certaines parties de l’île du Sud, puis des dépôts calcaires contenant des fossiles appartenant aux espèces de semblables gisemens qui existent dans la province de Canterbury. Avec ces couches tertiaires, mêlées aux roches ignées, paraissent associées les formations carbonifères. La plus ancienne de ces formations, qu’on observe surtout dans l’île Pitt, représente les lignites de la Nouvelle-Zélande ; la plus récente est considérée comme une sorte de tourbe, qui est toute superficielle dans le sud de la grande lagune de Chatham.

Aux îles du petit archipel, mieux explorées que toutes les autres îles

  1. Latitude 47° 55’, longitude 179 degrés.