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danger. Des pétrels[1] se reposent sur le terrain ; ignorans de la méchanceté des hommes, ils ne songent nullement à fuir et se laissent prendre sans opposer la moindre résistance. La forêt est pleine de petits oiseaux ; on en compte bien de trois ou quatre espèces différentes. Comme les pétrels, les mignons demeurent étrangers à toute crainte ; un des plus hardis vint se poser sur le chapeau du voyageur assis sous un arbre et il chanta sa chanson. Une espèce très petite, noire, tachetée de jaune, se voit en grand nombre ; elle gazouille d’une façon ravissante. Sur les petites îles, la nature se manifeste sous les mêmes aspects que sur la plus grande de l’archipel.

Les îles Auckland n’ont point encore été l’objet d’études géologiques bien profondes. On a simplement noté les traits qu’une observation toute superficielle permet de reconnaître. Des granits, des porphyres constituent la charpente ; des dépôts sédimentaires couvrent en partie les roches, ainsi que des grès tertiaires où se mêlent des lignites. Enfin s’étendent des formations plus récentes d’origine volcanique ; ce sont surtout des basaltes.

Par la flore et par la faune, les îles Auckland se montrent absolument dépendantes de la partie australe de Té-Wahi-Pounamou. Les bois sont composés de quatre ou cinq essences qui sont répandues sur l’île du Sud et même l’île du Nord. La plus abondante est une sorte de myrte gigantesque, arbre au tronc court et massif dont les branches, étalées au sommet, forment une large couronne. Ensuite un arbre au tronc noir, avec des branches grêles, dressées, portant des feuilles minces aux extrémités des tiges ; un ginzeng au feuillage luisant et aux fleurs d’un blanc verdâtre ; une rubiacée dont les feuilles, lorsqu’elles sont froissées, exhalent une odeur fétide vraiment insupportable[2]. Puis ce sont des buissons d’une véronique qu’on trouve aussi à la Terre-de-Feu. Sous les ombrages croissent, en masses pressées, des fougères appartenant à une quinzaine d’espèces distinctes, mais qui toutes, peut-être, existent sur la terre entrevue par Tasman. Une d’elles, découverte par les médecins du voyage au pôle Sud, Hombron et Jacquinot, se distingue entre toutes et s’impose à l’attention par son port ornemental et plein de grâce[3].

Aux îles Auckland, c’est la végétation de la Nouvelle-Zélande ; les légères différences sont tout à fait de l’ordre de celles qu’on observe sur une même terre suivant les degrés de latitude. Sont communes aux îles Auckland et aux grandes îles : des renoncules, une aralia portant d’énormes corymbes de fleurs verdâtres qu’on croirait de

  1. Procellaria.
  2. Metrosideros lucida, Dracophyllum longifolium, Panax simplex, Coprosma fœtidissima.
  3. Aspidium venustum.