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l’ensemble des budgets départementaux atteignait 220 millions. Sans doute, il oubliait une certaine quantité de recettes. Peut-être ne comprenait-il pas dans ses calculs les emprunts que contractent les départemens et dont on trouve la nomenclature et le total dans les documens annexes publiés à l’appui du budget général de l’état. Ces annexes établissent que, dans le budget de 1884 et pour le service départemental extraordinaire, en plus de 0 fr. 12 extraordinaires à recouvrer en vertu de la loi de 1871, on avait imposé extraordinairement 697 centimes en nombre rond, produisant 28 millions, à côté desquels les impositions extraordinaires de l’exercice précédent, recouvrables en 1884, laissaient subsister une surcharge de 1020 centimes pour le même ensemble des départemens, rapportant 33 millions. Le total de ces emprunts départementaux s’élevait, à ce moment, à 275 millions, dont 105 avaient été réalisés antérieurement à 1883, dont 53 étaient réalisables en 1883 même et dont 117 restaient à réaliser.

Tous ces chiffres de recettes devraient être contrôlés par celui des dépenses, puisque les unes sont égales aux autres en vertu de la loi qui les régit et du contrôle auquel elles sont soumises ; mais il n’a rien été publié qui puisse faire connaître, même en bloc, le total réel des dépenses départementales ordinaires ou extraordinaires. Sans doute, l’administration supérieure en possède les élémens ; il lui serait facile de dresser un nouveau tableau à cet égard. On possède toutefois un certain nombre de chiffres publiés sur la situation des départemens les plus chargés ou les plus actifs. Le département de la Seine, par exemple, a plus de 20 millions de dépenses ordinaires et plus de 10 millions de dépenses extraordinaires ; la Seine-Inférieure, plus de 5 des premières et plus de 4 des secondes. Dans le Rhône, les dépenses ordinaires atteignent 3 millions et les dépenses extraordinaires 4 millions. Seine-et-Oise compte 6 millions 1/2 des deux sortes de dépenses réunies et la Somme plus de 4 ; dans la Gironde, le total est de 8 millions et dans les Bouches-du-Rhône de 6 millions. Il ressort de tous ces chiffres que le total des budgets départementaux ne saurait être inférieur à 300 millions. Ajouté au budget des communes, annexe de celui de l’état, on sent de quel poids il pèse sur les contribuables et ce que la feuille des contributions qui leur est présentée chaque année par les receveurs des contributions directes leur ménage à l’avenir de douloureuses surprises.

C’est, en effet, à cette nature d’imposition qu’il conviendra surtout de recourir pour assurer le paiement des nouvelles dépenses dont le budget, départemental va demeurer chargé et dont nous avons vu que les nécessités politiques et sociales imposeront le