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son total est voté dans la loi de finances chaque année. Mais le détail des recettes et des dépenses départementales peut-il être l’objet de remarques et d’observations suffisantes ? On n’oserait le prétendre. Si, de même qu’après le vote des conseils municipaux le budget communal est révisé par l’autorité supérieure, les budgets des départemens, après le vote des conseils généraux, passent devant d’autres juges, qui sont les ministres et les chambres elles-mêmes, ce n’est point là une révision ou un examen semblables à ceux des juges en second ressort appelés à rejuger une première sentence. L’étude des budgets départementaux reste sommaire, l’approbation en est donnée en bloc et sans détails, aucune comparaison n’est possible entre les uns et les autres ; on présume qu’elle a été faite, et bien faite, sur place et à domicile ; on se borne donc à une déclaration d’équivalence entre les recettes et les dépenses, et la loi de finances ordonne de passer à l’exécution. Nous pensons qu’il serait désirable de pousser un peu plus loin l’examen et de rechercher si, dans la situation présente, les dépenses départementales tendent à s’accroître ; si, déjà lourdes, elles ne tendent pas à le devenir davantage ; si les recettes peuvent être plus abondantes sans dommage pour notre crédit et sans dépasser les bornes permises par la prudence ; et, quoique les moyens d’information fassent ici encore défaut, nous essaierons de mettre à profit ceux que nous avons recueillis, sans toutefois lasser par des chiffres trop arides la patience du lecteur. Déjà une première mesure nous a donné satisfaction ; depuis deux ans, le ministère de l’intérieur a publié, en même temps que la situation financière des communes, un tableau sur la situation financière des départe mens, dont l’exposé sommaire ne donne pas tous les détails que l’on voudrait, mais qu’il y a lieu cependant de consulter avec fruit.


I

Le public tout entier s’intéresse vivement aux développemens du budget de l’état ; il suit les discussions des chambres sur ce sujet avec un vif intérêt. A côté de ce budget, il sait qu’il existe aussi un budget départemental destiné à certaines dépenses locales et pourvu de ressources particulières ; mais quelles sont-elles, à quels services s’appliquent les ressources, quelles proportions atteignent les dépenses, il l’ignore malheureusement et n’y prend pas garde. Cette ignorance et cette indifférence sont regrettables et funestes ; elles ont pour conséquence de dénaturer l’esprit qui préside aux élections départementales ; la politique intervient seule dans les choix à faire, au grand dommage de la bonne gestion financière.