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LE DECLIN
DE LA
PUISSANCE CHINOISE

I. D.-C. Boulger, History of China. London, W.-H. Allen. — II. L’abbé Castaing, Vie de Mgr Faurie. Paris, Lecoffre. — III. The Journey of A.-R. Margary. London, Macmillan.

Au milieu du XVIIe siècle, au moment où, en France, les dernières convulsions de la féodalité expirante menaçaient l’autorité royale, où l’enfant couronné qui devait être Louis XIV était emporté furtivement hors de sa capitale, une révolution s’accomplissait en Chine. L’antique dynastie chinoise des Mings était renversée par un aventurier tartare sorti de la Mandchourie. Ce ne fut pas du premier coup que la nouvelle dynastie des Taït-Sing étendit son autorité sur tout l’empire chinois : une série de guerres, qui se prolongèrent pendant trois règnes, soumirent successivement à son pouvoir les provinces comprises entre le Fleuve-Jaune (Hoang-Ho) et le Yang-tse-Kiang, puis Nankin et les provinces méridionales. Bien que les Tartares eussent fait périr jusqu’au nombre de plus de vingt mille personnes, tous ceux qu’un lien, si éloigné qu’il fût, d’origine, de parenté, ou de filiation rattachait aux Mings, il se trouvait toujours, à la tête de toutes les insurrections, quelque représentant, vrai ou supposé, de la dynastie déchue. Plus tard, ce fut des pays voisins, tantôt du Pégu ou du Thibet, tantôt de quelque retraite inaccessible du Grand-Désert, que sortirent ces prétendans malheureux. Le quatrième empereur mandchou, Kiang-Long, fut le premier de sa dynastie qui n’eut point à combattre de révolte intérieure : pour mettre son autorité à l’abri de toute atteinte, il entreprit de soumettre successivement les peuplades barbares qui habitaient sur les confins de son empire.